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EAN : 9782070362387
313 pages
Gallimard (27/09/1972)
  Existe en édition audio
3.92/5   6977 notes
Résumé :
René Barjavel

Ravage

"Vous ne savez pas ce qui est arrivé ? Tous les moteurs d'avions se sont arrêtés hier à la même heure, juste au moment où le courant flanchait partout. Tous ceux qui s'étaient mis en descente pour atterrir sur la terrasse sont tombés comme une grêle.

Vous n'avez rien entendu, là-dessous ? Moi, dans mon petit appartement près du garage, c'est bien un miracle si je n'ai pas été aplati. Quand le bus de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (411) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 6977 notes
Contrairement aux idées reçues la SF possède une longue histoire en France et voici par exemple un roman écrit et paru sous l'occupation
Ravage campe une panne énergétique brutale dont le lecteur découvrira la causalité lui-même . de cette panne résultera l'effondrement brutal de la civilisation .

Le caractère violent , mouvementé , spectaculaire et brutal de ce contexte est fabuleusement exploité par l'auteur et en toute sincérité on s'y croit sans problèmes.
La variété des situations envisagées est époustouflante cela va de la cage d'escalier d'un immeuble très élevé , en passant par les voitures bloquées au bord de l'autoroute ....
La SF est souvent moins prospective que bien ancrée dans son époque et Barjavel ne fait pas exception .

Le monde de Ravage se replie sur lui-même par obligation et nécessité .

L'auteur cherche à démontrer que le progrès ne doit pas se faire au détriment de certaines valeurs .
Cela ne fait pas de l'auteur un personnage récalcitrant au progrès ou bien rétrograde .
Si vous n'êtes pas d'accord avec Barjavel , allez demander leurs avis aux habitants de Fukushima ou de Tchernobyl ....

Par contre il faudra considérer que ce roman est sorti sous l'occupation , et l'auteur a été contraint de se faire le chantre de la société paysanne ainsi que de valeurs pas vraiment féministes , en rapport étroit entre les femmes et les fourneaux ou avec leur statut de mère ..

Ravage est un excellent moment de lecture.
Un excellent moment d'apocalypse .
C'est un texte bien écrit qui continue de parler à Des lecteurs contemporains et il est superbement construit , alors que la caractérisation est bonne .

Ravage est un excellent moment de lecture.
Un excellent moment d'apocalypse .
Un texte bien écrit qui continue de parler à ses lecteurs contemporains.

Du point de vue effondrement brutal de civilisation ce roman est excellent et saisissant par son aspect très contemporain . On est dans les années 90 , d'une manière hallucinante de crédibilité ..

L'auteur effectivement extrapole de façons crédibles sur les « fondamentaux » de notre civilisation .
Cependant si la société qu'il développe est globalement démocratique , on ne peut pas faire abstraction du contexte historique et politique fascisant qui dominait à l'époque la sortie du roman .
Je tiens à souligner que les femmes sont , du fait de la date de parution du roman , les grandes perdantes de cet univers et cela me dérange .
Personnellement , j'aurais aimé découvrir dans ce texte des pages qui en aurait fait le chantre ( même discret ) de l'égalité des sexes .
Préfigurant ainsi le rehaussement des droits des femmes justement intervenu quelques années plus tard à la libération .

Cela dit , Barjavel n'est pas un écrivain Vichyste et Ravage est un roman du tonnerre !
La narration de l'apocalypse et la route à travers monts et vallées vers la sécurité de la campagne Est un grand moment de SF post-apocalyptique ..

Un aspect du texte qui me dérange et qui est rapport avec l'époque , c'est le gout pour les grands hommes providentiels !
Ils ne manquaient d'ailleurs pas à l'époque et il y en avait pour toutes les providences imaginables . hum !

Un détail quand même ! Je voudrais véritablement insister sur le fait que :
Le monde futuriste imaginé par l'auteur est fascinant !
Ces rubans d'automobiles , les phares à pertes de vue , ces immenses immeubles c'est follement contemporain , cet univers urbain coupé des campagnes aussi , en 1942 :

C'était visionnaire et c'est impressionnant !
C'est tout simplement intégralement notre univers jusque le début des années 90 !
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Nous sommes en l'an 2052, le monde a évolué dans une société robotisée, l'homme est devenu dépendant d'une technologie hyper sophistiquée, chaque individu est assisté par une machine qui répond à leur besoin et le soulage de tout effort physique. Tout est à portée de main... la technologie est dorénavant le culte de l'Homme !
Un soir, une panne d'électricité inexpliquée plonge toute la civilisation terrienne dans le noir.
Plus rien ne fonctionne, l'homme se retrouve privé de toute source d'énergie en conséquence plus de lumière, plus de moyens de déplacement et plus d'eau...
C'est la panique, la peur domine et l'homme se livre à une barbarie extrême, survivre devient une priorité absolue, les clans se forment, s'affrontent, s'entretuent, à cela vient s'ajouter le choléra.
La nature reprend ses droits et l'homme sa vraie nature...
A Paris, un énorme incendie détruit la capitale et emporte avec elle une partie des habitants, la ville ne ressemble plus qu'à un paysage apocalyptique.
François, un étudiant en chimie agricole accompagné de son amie d'enfance Blanche qu'il aime en secret, prend l'initiative de former un groupe de femmes et d'hommes dans l'optique de fonder une nouvelle civilisation basée sur le retour à la terre (sans technologie). Avec le groupe, il décide de rejoindre la Provence, son village natal où ses parents et de braves paysans vivent encore à l'ancienne.
Mais le voyage sera long et douloureux dans l'enfer d'un monde en ruine, François et ses compagnons devront affronter la chaleur torride, la faim, la soif et la sauvagerie des hommes.
Au cours de l'expédition François se montrera dominant, pragmatique et sans pitié...

Cette nouvelle civilisation que désire François ressemblera-t-elle à l'image édénique que se fait l'Homme ?

Un roman qui vous projette dans une ambiance apocalyptique, Barjavel a su planter le décor, on s'y croirait. le thème d'une vie sans technologie paraît inimaginable, dans cette aventure fictive, l'auteur nous transporte dans une atmosphère moyenâgeuse où l'être humain est confronté au dur labeur.
Une réflexion sur la technologie, pourrait-on faire un retour en arrière et revenir à une vie rudimentaire, sachant que l'Homme a inventé et construit des machines pour soulager nos peines dans la tâche.
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Il est bien difficile de s'imaginer 75 ans après sa parution l'effort d'anticipation de Barjavel pour projeter un Paris 2052 si avant-gardiste pour l'époque et bien plausible à l'heure actuelle ; y manque peut-être la percée dans l'intelligence artificielle. Côté dérives : quelle anticipation ! de l'hyper dépendance aux machines en passant par la désertification des campagnes pour une folle concentration urbaine, de l'éloignement total de la nature à la perte du sens de l'effort, l'homme s'est créé par la science et les techniques un environnement fragilisé tenu par le fil qui amène l'électricité, tout y est en passant par la fabrique des rêves et des stars. Merveille de créativité avec son plastec, ses trains à très hautes vitesses, ses méga-tours climatisées, ses, ses ... esquissés en moins de 75 pages (mais quelles pages !) Les temps nouveaux. Fin de la 1ère partie.

Tout encore à son éblouissement le lecteur est brutalement plongé dans la sidération : La chute des villes, dans une compression espace-temps 165 pages mais seulement quelques jours à peine, bardaf c'est l'embardée ! Le ciel et les avions vous tombent sur la tête, en un claquement de doigt tout collapse : la population est dans le déni, les élus dans l'affabulation (oui, oui plus qu'en temps ordinaire). A remarquer que les mieux adaptés aux temps nouveaux, les "maîtres du monde" qui rayonnaient il y a peu sont les premiers à s'écrouler. A contrario les plus marginaux sont les premiers à prendre conscience de la gravité du séisme et de l'ampleur de la situation. J'ai rarement lu une telle apocalypse, il faut dire que de trois à huit ans René Barjavel né dans la Drome a vu passer au loin la première guerre mondiale. Sûrement son enfance a été toute bercée des récits de la vie dans les tranchées ... La faim, la barbarie. Tous crapules et chacun pour soi. Le verni a fondu sous la chaleur, les esprits plus enflammés que la ville embrasée par la bêtise d'un gendarme. La survie au plus violent !

Au déni succède la fuite dans le chemin des cendres, 3ème partie pour déboucher sur ... sur quoi ? Sur la partie de trop : Le patriarche. Quel dommage que ces 20 dernières pages où se révèlent toutes les limites de l'utopie ! Ou peut-être tant mieux car elles clarifient le modèle proposé par Barjavel, hélas tellement proche de celui de Daesch ou de tout autre totalitarisme. Voilà pourquoi ma cote est finalement de 3 étoiles. Tenté par 5 étoiles pour ses qualités d'observations et la lucidité de son analyse, j'aurais pu basculer sur 1 étoile pour l'abjection de son modèle obscurantiste. Ce livre est un peu l'histoire d'un chirurgien posant un excellent diagnostique très en amont sur un mal qu'aucun n'aurait vu venir pour ensuite se gourer complètement dans le remède prescrit. (Cela dit ce n'est pas, me semble-t-il, le seul roman d'anticipation où l'analyse des dérives du système sont des plus pertinentes mas face auxquelles derrière la solution proposée par l'auteur se cache un totalitarisme sournois.)

Littérairement parlant, c'est à mon avis une oeuvre marquante. Bien loin d'être spécialiste du genre je pressens une influence importante sur d'autres oeuvres de science fiction ainsi le concept de la mer : ce rouleau de viande artificiellement généré est repris tel quel dans le transperceneige, BD culte dans ce domaine. Et ce passage où alimenté d'énergie les cerveaux de quelques humains révèlent une phénoménale puissance, jusque là inexploitée, au-delà de l'imaginable (sauf pour Barjavel) ; est-ce que cela ne vous évoque pas Lucy de Luc Besson ? Non, je ne regrette pas de l'avoir lu, tout au contraire.
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Ravage, le fameux ravage,roman de science fiction. Je dirais roman d'anticipation, cet adjectif me semble mieux convenir que le terme générique de science fiction. Certes pendant les premières pages, Barjavel décrit le Paris de 2052 avec une certaine clairvoyance, notamment la dépendance absolue de l'Homme aux machines, le culte de la société de l'apparence, la société des loisirs et des spectacles, le renoncement à tout effort inutile ( songez donc marcher à pied 5 min est un drame pour un personnage !) mais aussi des idées bien senties comme cette histoire de lait arrivant dans les robinets comme l'eau ! Et pourquoi pas après tout. L'anticipation la plus juste reste l'évolution agricole, l'agriculture remplacée par les chimistes pour nourrir la population... on y est !
Mais ensuite il s'agit d'un roman épique avec toutes les problématiques de la survie, des sacrifices dépassant largement le cadre de la science fiction.
Le milieu du récit est le plus intéressant correspondant à la chute de Paris, j'ai adoré les réunions du gouvernement, j'en conviens tout ce qui touche de près ou de loin l'univers des coulisses du pouvoir me fascine c'est comme ça, la foule en délire en plein doute.
J'ai eut un peu de mal avec les premières pages, il faut se familiariser avec cet environnement, surtout j'ai du mal à conceptualiser, à imaginer les immeubles de la citée à la sauce Barjavel : on aurait donc une sorte d'un seul bloc immense faisant office à la fois d'habitation, de jardin, de salle de spectacle, de cabinet médical... Bref j'arrive pas à voir à quoi ça peut ressembler, brouillard total dans esprit, aucune image, aucun décor ne me vient.
La force de ce récit reste l'opposition puissante entre ce monde bourré de technologie, ce monde futuriste et les moeurs qui elles ont plutôt fait un retour vertigineux vers les pratiques du moyen âge ! le ton entre les amoureux est digne de la grande bourgeoisie XVIII, " nous allons si tu veux prendre les nouvelles", plus aristos tu meurs, aucune femme au gouvernement, le héros ne promet rien d'autre à sa belle le statut de femme de foyer avec l'apothéose finale puisque dans la société post ravage, le héros charismatique impose la polygamie, réduit la femme à un rôle de reproductrice.
La relation François / Jérôme est intéressante en ce sens qu'elle se retrouve inversée avec l'apocalypse. Jérôme riche, très riche, rien ni personne ne lui résiste aime Banche, l'amie d'enfance de François. Mais Jérôme est perdu face à la perte de l'électricité et devient une sorte de subordonnée de François, son domestique docile. François dirige tout et ce n'est qu'un début... Voir Jérôme qui avait le seul mérité d'être un héritier dans cette situation m'a bien amusé.
Autre point fort du livre, la parfaite maitrise par Barjavel des temps du passé, le passé simple et l'imparfait sont brillamment utilisés rendant la lecture agréable parfois envoutante.
En revanche, quelques partis du récit m'ont moins convaincu comme la description du Paris artistique ou encore lors de leur fuite de Paris, le passage sur la maison des fous un peu long. Quelques descriptions sont également à rallonge.

Pour finir, je souligne une phrase magnifique, peut être l'une des plus belles que j'ai lu : " nous allons avoir besoin désormais de valeurs plus solides" (pour évoquer l'argent), il serait temps en effet...

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"La science est une chose merveilleuse... Tant qu'il ne faut pas en vivre" Albert Einstein

C'est une Dystopie.
Un thème classique en Sci Fi. En 2052, le monde moderne bascule, suite à une panne énergétique ( pourquoi, comment, qui en sont les responsables, la recrudescence des taches solaires?) et retourne vers la barbarie.

C'est la "théorie d'Olduvai" de Richard Duncan, qui parle du déclin des sociétés industrielles, au bout de ...100 ans, à cause de l'effondrement des énergies non renouvelables( le charbon, le pétrole et ici, l'électricité) .
Souvenez vous du Black out de New York les 13 et 14 juillet 1977! Panne d'électricité...

Le pic de consommation énergétique a été atteint en 1979, et la récession a touché les sociétés modernes en 2012.
(Panne le 30 et 31 juillet 2012, qui a touché 670 millions d'habitants en Inde...)


Dans Ravage, François Deschamps sauve son amie Blanche, lors d'un Black out total, à Paris. Ensemble, ils fuient la capitale, avec des compagnons, alors que Notre Dame de Paris est en flammes. Sa flèche est la première à s'effondrer.
Le petit groupe va s'efforcer d'oublier les portables à réalité augmentée, les voitures, les cultures hydroponiques, l'Art à la portée de chacun, la biotechnologie... Le Progrès.


François devient le Patriarche!
Il bâtit dans son village natal, une petite communauté, et devient un peu... autocratique.
Une allusion au Maréchal Pétain, qui prône le retour à la terre. "Travail, famille, patrie."
Il y a quelques références au régime de Vichy, dans le livre...

Mais, il y a aussi une satire sur les gouvernements d'avant la guerre, avec un conseil des ministres dépassé par la panne électrique, et ce ministre de la jeunesse et des sports qui ne peut venir, à vélo, à Matignon.

C'est un livre écrit en 1943, sous le régime de Pétain, et les femmes seront cantonnées aux rôles subalternes, de reproductrices et de pondeuses. La polygamie règne, car elles sont plus nombreuses que les hommes..

"...et les villes des nations tombèrent, et Dieu se souvint de Babylone la grande, pour lui donner la coupe de vin de son ardente colère". Apocalypse de Saint Jean, en exergue du chapitre deux.
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critiques presse (1)
Culturebox
12 décembre 2022
Ravage nous entraîne dans une course folle à la suite de quelques survivants, menés par un homme d'origine paysanne, à la reconquête d’un monde archaïque. Le pire peut-être sont les leçons qu’ils tireront de ce désastre.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (194) Voir plus Ajouter une citation
Après des siècles d'esclavage, nos aïeux réussirent à s'affranchir, demandèrent leur place au soleil. Les hommes blancs n'en continuèrent pas moins à les considérer comme des bêtes. Ils leur réservèrent les travaux les plus sales, les plus humiliants, jusqu'au jour où, jugeant que ces "sales negres" devenaient trop nombreux, faisaient concurrence à la main-d'œuvre nationale, et menaçaient la sécurité intérieure, ils voulurent se débarrasser de ces hommes dont ils n'avaient plus besoin.
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Un soleil énorme, curieusement aplati, roulait à une vitesse folle sur l’horizon. Des toits en dents de scie l’entamèrent. Une colline le happa. Il reparut, à moitié rongé, dans une gorge, heurta une cheminée, et sombra. La rougeur du couchant envahit le véhicule.
Celui-ci était fait d’une seule pièce de plastec, moulé sous pression. Cette matière remplaçait presque partout le verre, le bois, l’acier et le ciment. Transparente, elle
livrait aux regards des voyageurs tout le ciel et la terre. Dure et souple, elle réduisait au minimum les risques d’accident.
Quelques mois auparavant, elle avait fait la preuve de ses qualités. Entre Paris et Berlin, un wagon se décrocha dans un virage, percuta une usine, abattit cinq murs, rebondit et se planta, la pointe en l’air, dans un toit.
Les voyageurs qu’on en retira ne possédaient plus un os entier. Quelques-uns en réchappèrent, se firent mettre des os en plastec.
Le wagon n’avait subi ni fêlure ni déformation, ce qui montrait l’excellence de sa fabrication. Ce n’était pas la faute de la Compagnie si les contenus s’étaient avérés moins résistants que le contenant.
(Folio Page 17)
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Le docteur Fauque enfonça une main dans sa barbe, s'assit familièrement sur le bord du lit.
- J'ai rencontré deux de mes confrères qui ont vu à peu près autant de malades que moi atteints par ce mal étrange. Je dis bien étrange car il ne frappe ni les hommes ni les enfants ni les femmes mariées mais seulement les jeunes filles ou les fillettes qui viennent d'être pubères. En un mot les pucelles...
- Vous êtes sûr de cela docteur ?
- Sûr, vous savez, repris le médecin d'une voix hésitante, il est difficile de se montrer affirmatif dans ce domaine délicat. Je vous dirai d'ailleurs bien franchement qu'au retour, ce matin, de ma dixième visite, alors que j'étais arrivé à la conclusion que je viens de vous dire, je m'attendais à trouver ma fille malade. Or, elle se porte parfaitement bien. D'où je conclus ou que ma théorie ne tient pas debout, ou que j'ai mal surveillé ma fille depuis que sa pauvre mère est morte... mais hélas ! je crains à bien y réfléchir que ce cas particulier ne fasse que corroborer mon hypothèse.
- Mais que faire, docteur, comment soigner ces malades ?
Le docteur Fauque leva les bras en l'air :
- Que voulez vous que je vous dise ? Je n'en sais rien. Ce n'est certainement pas une affection d'origine microbienne. Mais plutôt un dérangement en rapport avec le phénomène électrique auquel nous assistons. Il faut croire que la virginité à laquelle, depuis le début du monde, toutes les civilisations ont attaché tant d'importance, est autre chose qu'un simple sceau charnel, mais un état général particulier caractérisé sans doute par quelque mystérieux équilibre électrique qui vient d'être détruit d'une façon anormale, ce que toutes ces filles payent...(...)
- Alors vous pensez que cette maladie est due à la disparition de l'électricité ?
- Mais l'électricité n'a pas disparu, mon jeune ami, si elle avait disparu, nous n'existerions plus, nous serions retournés au néant, nous et l'univers. Nous et cette table et ce caillou tout cela n'est que combinaison merveilleuse de forces. La matière et l'énergie ne sont qu'un. Rien ne peut en disparaitre, ou tout disparaitra ensemble. Ce qui se passe, c'est un changement dans les manifestations du fluide électrique. Un changement qui nous bouleverse, qui démolit tout l'édifice de science que nous avions bâti, mais qui n'a sans doute ni plus ni moins d'importance pour l'univers que le battement de l'aile d'un papillon. Il est évident que certains corps, comme les métaux, qui possédaient la propriété, dans certaines conditions, de capter, de conduire, de garder prisonnier ce fluide, ont tout à coup perdu cette faculté . Caprice de la nature, avertissement de dieu ? Nous vivons dans un univers que nous croyons immuable, parce que nous l'avons toujours vu obéir aux mêmes lois, mais rien n'empêche que tout puisse de mettre brusquement à changer, que le sucre devienne amer, le plomb léger, et que la pierre s'envole au lieu de tomber quand la main la lâche. Nous ne sommes rien , mon jeune ami, nous ne savons rien...
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L'élevage, cette horreur, avait également disparu. Élever, chérir des bêtes pour les livrer ensuite au couteau du boucher, c'étaient bien là les mœurs dignes des barbares du XX ͤ siècle. Le "bétail" n'existait plus. La viande était "cultivée" sous la direction de chimistes spécialistes et selon les méthodes, mises au point et industrialisées, du génial précurseur Carrel, dont l'immortel cœur de poulet vivait encore au Musée de la Société protectrice des animaux. Le produit de cette fabrication était une viande parfaite, tendre, sans tendons, ni peaux, ni graisses, et d'une variété de goûts. Non seulement l'industrie offrait au consommateur des viandes au goût de bœuf, de veau, de chevreuil, de faisan, de pigeon, de chardonneret, d'antilope, de girafe, de pied d'éléphant, d'ours, de chamois, de lapin, d'oie, de poulet, de lion, et de mille autres variétés, servies en tranches épaisses et saignantes à souhait, mais encore des firmes spécialisées, à l'avant-garde de la gastronomie, produisaient des viandes extraordinaires qui, cuites à l'eau ou grillées, sans autre addition qu'une pincée de sel, rappelaient par leur saveur et leur fumet les préparations les plus fameuses de la cuisine traditionnelle, depuis le simple bœuf miroton jusqu'au civet de lièvre à la royale.
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Les hommes ont libéré les forces terribles que la nature tenait enfermées avec précaution. ils ont cru s'en rendre maîtres. Ils ont nommé cela le Progrès. c'est un progrès accéléré vers la mort. Ils emploient pendant quelque temps ces forces pour construire, puis un beau jour, parce que les hommes sont des hommes, c'est-à-dire des êtres chez qui le mal domine le bien, parce que le progrès moral de ces hommes est loin d'avoir été aussi rapide que le progrès de leur science, ils tournent celle-ci vers la destruction.
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