Citations sur Le coeur se souvient (46)
Était-ce vraiment les femmes ou cette période qui le rendaient si vulnérable ? D’ordinaire, il avait une vie lisse et sans accrocs, tout juste perturbée par un peu de stress, de fatigue et de contrariétés. Les grands moments de détresse, de doute et de remise en question ne le frappaient que quelques fois dans l’année, notamment à son anniversaire. Celui-ci remontait à bientôt une semaine… Qu’est-ce qui clochait à présent ?
Elle n’était pas du genre à s’offusquer que l’on ne veuille pas d’elle… mais se faire rembarrer au pied du lit, c’était différent et elle se sentait humiliée. Pour autant, ça devait bien finir par arriver : elle passait son temps à jouer avec le désir des hommes, attisait ce qu’il y avait de plus vil en eux…
Il ne la percevait plus comme une séductrice cherchant l’histoire d’une nuit, mais comme une femme qu’il venait de blesser. Alors, il se fit violence et revint face à elle : avec délicatesse, il tira sur son menton jusqu’à ce qu’elle daigne le regarder. Elle le toisa avec sévérité.
Elle l’embrassa avec davantage de fougue tout en repoussant sa veste sur ses épaules. Elle déboutonna sa chemise alors que Quentin parcourait la peau de son dos, pressant son corps contre le sien en dévorant ses lèvres. Elle lâcha un soupir lascif quand il descendit vers sa nuque et tira légèrement sur ses cheveux : elle ne s’était pas trompée, il montrait une nouvelle nature, plus sauvage et plus possessive. Du bout des doigts, elle apprécia son torse dessiné et imberbe, le contour de ses muscles fermes. Il passa ses mains sous son soutien-gorge à la rencontre de ses seins et elle défit son pantalon pour se faufiler le long de son bas-ventre…
L’étreinte d’un homme était la seule chose capable de lui faire perdre la tête. Elle s’enivra de son odeur, fit un pas pour se rapprocher de lui et, quand les mains de Quentin glissèrent sous son manteau, elle fut happée par le désir.
Comme moi, elle n’a pas sa langue dans sa poche, elle dit le fond de sa pensée, mais on n’est pas si semblables que ça. Amelia est bien plus douce… sûrement parce qu’elle a eu une famille aimante, même si ça n’a pas toujours été facile comme pour tout le monde. Et contrairement à elle, j’assume plus mon côté cash : je me moque de si ça me revient dans les dents et j’ai moins de scrupules à heurter les gens.
Pour ce qui était des femmes, cela restait à prouver, vu la manière dont il marchait sur des œufs. Il discutait en effet avec aisance, mais à sa façon de se tenir droit et assez loin d’elle, il s’accrochait à son rôle de collègue. Myriam n’était pas inquiète, il fallait toujours un peu de temps pour briser complètement la glace et les choses étaient en bonne voie : Quentin ne profita pas de l’heure du dîner pour s’éclipser lâchement et il partagea avec elle une assiette de tapas, comme un couple sur un trottoir parisien.
J’en ai ma claque ! Ma claque d’être votre larbin, que vous m’appeliez pour un oui ou pour un non, que vous me picoriez la cervelle n’importe quand pour avoir un conseil, une idée ou je ne sais trop quoi d’autre ! Tout ça pour me payer un salaire de misère qui couvre tout juste mon loyer, alors que je vous engraisse largement !
Depuis qu’elle avait appris son adoption, elle était tel un arbre déraciné que l’on avait changé de sol, de climat. Elle ne parvenait pas à étendre ses racines et chaque coup de vent menaçait de la faire flancher.
Même si les choses s’étaient arrangées avec le temps, Amelia devait l’admettre : tout ça était un masque. Elle avait beau exhiber de jolies feuilles vertes et tendres, sous l’écorce le bois était creux. C’est ce vide dont elle prenait conscience cette nuit, comme un boomerang. Un vide que son frère avait promis de remplir.
Pourquoi tant de méfiance lorsqu’elle parlait d’Antonio ? Voulait-il seulement être retrouvé ? Elle avait peut-être vu juste et quand son frère avait appris que sa sœur ne le connaissait pas, il avait tiré un trait sur elle. Il était passé à autre chose et avait demandé à la patronne du Corner Pub et au gérant du Happy Dog de couvrir ses traces pour qu’Amelia ne puisse pas remonter jusqu’à lui. Cette idée d’être ainsi rejetée une seconde fois lui piétina le cœur, car qu’importe ses raisons, sa mère Rosa l’avait bien abandonnée. Elle aussi avait tiré un trait sur elle…