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Critique de daniel_dz


En choisissant ce roman de Nicolas Ancion sur les rayons de ma bibliothèque favorite, je me suis dit que j'allais me divertir dans un bon moment de lecture bien belge. Et ainsi en fut-il ! Mais pas que, comme on dit chez moi.

L'histoire se passe à Liège, d'où Nicolas Ancion est originaire. Et il faut savoir que les Liégeois sont très attachés à leur ville; on dit d'ailleurs qu'ils divisent les gens en deux catégories : ceux qui vivent à Liège et ceux qui rêvent d'y vivre !

Alors que la Belgique n'existait pas encore, John Cockerill a fait de la région de Liège un haut lieu de l'industrie sidérurgique, ses usines couvrant, au fil des ans, toute la chaîne de production, depuis les hauts-fourneaux jusqu'à la construction de machines. Longtemps florissant, l'empire Cockerill a fini par s'effondrer; intégré au groupe Usinor en 1998, puis au groupe Arcelor en 2002, il a provoqué des restructurations, avec d'importantes conséquences sociales. En 2006, une OPA de Mittal Steel fait naître ArcelorMittal, provoquant une vague d'espoir grâce à la réouverture du haut-fourneau n° 6 de Seraing en février 2008, qui sera de nouveau arrêté en 2008.

Voilà le contexte économique et social dans lequel paraît le livre de Nicolas Ancion, en 2009.

« L'homme qui valait 35 milliards », c'est le PDG Lakshmi Mittal, dont Nicolas Ancion imagine l'enlèvement. Ailleurs qu'en Belgique, cet enlèvement aurait été perpétré par un commando hyper-organisé, qui aurait ensuite exigé une colossale rançon ou l'annulation des plans de restructuration. Mais en Belgique, pays du surréalisme, l'affaire est traitée d'une manière bien plus rocambolesque, que je vous laisse découvrir.

C'est succulent de belgitude, délicieux de dérision. Quand j'entendrai encore parler de Lakshmi Mittal, je ne pourrai m'empêcher de le voir comme le dépeint Nicolas Ancion: propret dans son costume clair, tirant sur ses manchettes pour les réajuster.

Le livre évoque « Strip-tease », ce cultissime magazine télévisé de Jean Libon et Marco Lamensch qui a déshabillé la société belge pendant des années. Dans l'esprit, ce roman en est proche. On y voit des gens vivant leur vie, poursuivant leurs idéaux, personnels ou altruistes, sans se laisser atteindre par le regard des autres. Au premier degré, un vernis de drôlerie qui donne le plaisir d'une lecture divertissante. Mais ce vernis n'est qu'un voile camouflant une dure réalité sociale qu'inlassablement des héros du quotidien tentent d'améliorer.

Pas de haute philosophie, pas de culture prétentieuse, juste de l'action, des petits gestes pour se sortir du trou, et tendre la main à ses voisins pour qu'ils suivent le même chemin. C'est émouvant, en fin de compte. Lisez donc !
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