Günther Anders (de son premier nom Günther Stern) est un philosophe allemand, journaliste et écrivain. Cousin de
Walter Benjamin et proche de
Bertolt Brecht, il s'exile à Paris dans les années 1930 pour échapper aux persécutions nazies. Il part ensuite pour les Etats-Unis, où il exerce toutes sortes de petits boulots. Il revient en Europe en 1950 et s'installe à Vienne. Les extraits de journal traduits ici concernent la période de l'exil et du retour, notamment les années 1950-1952. Plusieurs sujets de réflexion affleurent dans ces notes. L'un concerne le vrai, le faux et l'authentique: les costumes hollywoodiens sont-ils d'un certain point de vue plus authentiques que les traces archéologiques? Les ruines des villes allemandes et autrichiennes ont-elles un autre statut que les ruines antiques? Pourquoi les unes sont-elles adorées et les autres niées? Mais ce qui m'a le plus touché dans cette lecture tient dans les interrogations sur ce que les humains sont capables de supporter, que ce soient les exilés dont le monde était méthodiquement détruit avec toutes ses références, ou les personnes ordinaires qui avaient vécu sous le régime nazi, s'en étaient accommodées et avaient vu ensuite leurs villes bombardées.
Günther Anders ne juge pas rapidement. Ses récits et ses réflexions visent plutôt à comprendre ses semblables, proche en cela de
W.G. Sebald. Ceci n'exclut pas les colères et les désespoirs.
Un livre riche, qui porte à la réflexion. Un bel auteur d'un humanisme sans concession et sans illusion.
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