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Critique de BazaR


BazaR
22 décembre 2022
Si jamais vous voyez un gorille sur la couverture, sachez que ce n'est pas cette version que j'ai lue, mais celle revue, corrigée et augmentée de trois nouvelles et d'un petit texte sur les neurosciences, éditée par le Bélial' puis par le Livre de Poche. le thème unificateur est l'intelligence.

L'idée centrale du roman Barrière mentale tient aux effets d'un accroissement de l'intelligence sur Terre. Cela arrive d'un coup ; tous les gens, mais également les animaux, se retrouvent accablés par une intelligence accrue. Je dis accablé car cela déstabilise les hommes et leurs sociétés. Peu nombreux sont ceux qui mettent à profit leurs capacités nouvelles pour développer la science ou les arts. On retrouve beaucoup plus de gens qui jettent un regard dépité sur leur vie passée et dépriment ou se tournent vers la religion. Plus personne ne veut de la routine métro-boulot-dodo. Côté animaux, il y a un aspect rigolo à voir les animaux de ferme se rendre compte de leur état d'esclaves et se révolter.
Ceci, du moins, durant une phase transitoire qui mène à un nouvel état d'équilibre. Poul Anderson présente en fait une vision utopique : gouvernement mondial généreux, visite des étoiles, sérénité intérieure. Il fait beaucoup intervenir les connaissances de son temps sur le cerveau et construit une explication fascinante de cet accroissement d'intelligence.

J'ai tout de même éprouvé de l'ennui par moments. Je trouve que l'auteur est bien meilleur sur les intrigues et l'extrapolation scientifique que sur les scènes d'introspection et de dialogue « psychanalytique ». C'était déjà le cas dans Tau Zéro. Ici, les personnages passent beaucoup de temps à s'analyser et ce n'est pas particulièrement palpitant. de plus, Poul leur développe une technique de communication quasi télépathique qui à la longue se transforme en exercice de style quelque peu fatigant. Ce sont finalement les personnages qui partent d'une intelligence médiocre pour atteindre un niveau moyen, qui sont les plus intéressants.

L'idée d'ajouter les trois nouvelles au roman est très bonne. « Les Arriérés » imagine que les extraterrestres qui nous rendent visite lors du Premier Contact sont beaucoup plus « beauf » que ce qu'on aurait pu espérer ; une sorte de débarquement de touristes en goguette à Ibiza. « Technique de survie » est une variation sur le thème du voyage dans le temps où l'on voit que l'intelligence pratique et adaptable est souvent plus efficace que la connaissance théorique. Enfin « Terrien, prends garde ! » peut être vu comme une histoire parallèle de l'extraterrestre supérieur perdu sur Terre et élevé par des êtres humains ; beaucoup plus pathétique que la vie de Clark Kent – Superman.

Tout compte fait, même si ce livre ne sera pas mon préféré de l'auteur il vaut le détour. C'est un Poul Anderson encore jeune que l'on découvre, Barrière mentale représentant son premier roman d'envergure. S'il me regarde, l'auteur n'a pas à s'en faire : je continue à le considérer comme un de mes chouchous.
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