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Hard science et roman d'amour Avant tout autre chose, il est important de comprendre que le roman a été écrit en 1970 et traduit 40 ans plus tard en France. A l'époque il a été finaliste du prix Hugo (remporté à l'époque par l'anneau monde de Niven). La terre est pratiquement pacifiée. le système solaire colonisé et déjà deux expéditions interstellaires ont été réalisées avec succès. Une nouvelle expédition vers la troisième planète de Beta Virginis, potentiellement habitable (comme l'indique une sonde précédente), située à 32 années-lumière, doit être réalisée à bord du Léonora Christana, un vaisseau trans-stellaire (mais non supraluminique). 25 hommes et 25 femmes passeront 10 ans subjectifs pour parcourir cette distance. Mais un incident de parcours les empêche de décélérer et l'accélération constante qui va les rapprocher de plus en plus de la vitesse de la lumière va avoir pour conséquence d'augmenter exponentiellement la différence entre temps « réel » et temps subjectif au point que des centaines voire des milliers d'années pourraient les séparer d'une nouvelle destination qui reste à définir. James Blish a défini ce roman comme récit de sf ultime. Waouh... Oh, calme. Probablement en référence à un détail du scenario (ne spoilons pas), mais remettons à sa place cette oeuvre, certes agréable, mais mineure dans l'histoire de la sf. Comme beaucoup de parallèles ont déjà été faits avec d'autres romans, j'irais du mien en citant Starborne de Silverberg, que tout admirateur de Tau zéro devrait apprécier. On parle de Hard Science. Oui, tout est scientifiquement plausible (à part le happy end, mais les fins réalistes où tout le monde meure, ce n'est pas très vendeur, encore moins en 70). Oui, une post-face de l'astrophysicien M. Lehoucq nous valide scientifiquement la quasi totalité des théories, techniques et hypothèses mais la lecture en reste très accessible. Encore une fois, nul besoin d'avoir la compétence et le QI de Stephen Hawkin pour apprécier. Baxter, Bear, Robinson sont bien plus dur d'accès. Tiens, volontairement polémique (pour toi Denis) j'irais même jusqu'à Andy Weir et Seul sur Mars. Après à mon niveau, peu importe que cela soit vrai ou pas, ce qui compte c'est que cela ait l'air vrai et j'ai réellement apprécié cette lecture « hard-science ». Parlons maintenant de l'homme et des rapports humains. 50 hommes et femmes pour coloniser une planète (c'est une hypothèse du scénario). Juste, tout juste pour la diversité génétique (500 étant la valeur refuge, 150 pour une viabilité à 2000 ans) (on se rappellera pour ceux qui l'ont lu, de Dark Eden de Beckett et des ravages de la consanguinité). Sans compter les 1 à 10% d'homosexuels (selon les sources). La sélection des astronautes n'en a pas fait état, mais en même temps en 1970 c'était tabou, et être homosexuel n'empêche pas de concevoir des enfants. On a même un scientifique misogyne voire misanthrope. 1970 encore : Les femmes sont vues comme des pies bavardes (quelque soit leur niveau scientifique) qui ne pensent qu'à coucher, se mettre en couple et enfanter. Mais en même temps est-ce que cela a réellement changé ? ( Aïe pas sur la tête). Le gendarme du vaisseau est au summum de sa caricature et aurait bien mieux convenu pour un livre d'action militaire plus primaire. Pour des hommes et femmes spécialement sélectionnés, ils se laissent vite aller au désespoir. Mais malgré tout cela, j'ai apprécié l'histoire humaine qui nous a été contée, la volonté féroce de survie. Fluidité de lecture, on en ressort un peu plus instruit, rapports humain malgré tout agréables à suivre. Second clin d'oeil à Denis, la théorie de l'engagement a failli me faire mettre trois étoiles après rédaction de la critique. Mais non, je résiste. Quatre étoiles. + Lire la suite |