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Critique de Foxfire


J'étais tombée sur ce bouquin dans une boîte livre. La 4ème de couverture disait ceci au sujet de l'auteur :

« Exact contemporain de Jim Thompson, Anderson - qui fut, à l'occasion, tromboniste, boxeur et matelot - se remet en 1931 à sillonner l'Amérique : " J'ai fait le passager clandestin sur les trains de luxe, de marchandises et les tortillards, dans les wagons-tombereaux et les voitures à bétail.
J'ai dormi dans les asiles, les hôtels à 10 cents, les parcs et les églises. Ce n'était pas tous les jours que je me sentais un gentleman et fier de l'être. "

Typiquement le genre d'auteur qui m'attire. Un profil de bourlingueur qui rappelle celui d'un Jack London. J'ai donc embarqué le livre. Et je ne regrette absolument pas.

« Hungry men », le titre original, bien plus parlant, de ce roman suit l'errance d'Axel, un hobo, pendant la triste période de la grande dépression. C'est un récit sans véritable intrigue, plutôt une succession de tranches de vie. Cette forme de récit colle parfaitement au sujet, d'autant plus que l'auteur a un vrai sens de la narration et qu'il excelle dans l'art de l'ellipse. La peinture de l'époque est criante de vérité, on sent que l'auteur sait de quoi il parle. Alors oui, ce n'est pas une lecture très confortable, il s'agit là d'une plongée dans la misère, dans la vie quotidienne de ces hommes jetés sur la route par la crise. Pour autant, le récit n'est pas dénué d'espoir. En effet, la solidarité et l'entraide qui unissent les hobos viennent illuminer ce récit d'une grande dureté. le partage d'un morceau de pain ou d'une adresse où dormir pas cher ou encore un plan pour trouver un job, la plupart de ces vagabonds font preuve, dans l'adversité, d'une humanité qui devrait inspirer les plus chanceux. Et puis, Anderson offre une galerie de personnages absolument remarquable. Axel, bien sûr, pour qui on espère une vie meilleure, mais aussi tous les autres chemineaux. Mon personnage préféré était Boats, qui vient donner une touche un peu politique au récit. Pour ceux qui douteraient de l'actualité de cette histoire se déroulant pendant la dépression, j'ai envie de citer Boats : « Alors, tu approuves un système qui fonctionne de telle façon qu'un homme est assez riche pour acheter un milliard de repas, quand un autre ne peut pas s'en payer un seul ? » ou encore « J'ai toujours pensé que la différence entre un banquier et un bandit, c'est que le vol du banquier est légal. le bandit au moins a plus de cran ». Ou encore Axel qui, plus tard dans le roman, dira : « si c'est être rouge que de vouloir partager entre les hommes les choses nécessaires à l'existence, la nourriture, l'habitation, les vêtements, alors, je suis rouge sang ».

Je suis navrée de voir que ce roman n'a reçu aucune critique sur babelio. C'est maintenant chose faite avec mon petit billet. Je vous invite sincèrement à oser suivre les pas de ces vagabonds d'hier qui ressemblent tant à nos miséreux d'aujourd'hui, c'est la même faim qui les tenaille, le même froid qui leur fait mal. Lire ce livre, c'est un peu comme ne pas détourner le regard lorsqu'un sans-abri tend la main, et oser simplement lui sourire. Lire ce livre, c'est douloureux mais c'est aussi laisser entrer en soi un peu de l'humanité qui manque tant à notre époque.

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