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Critique de Chiwi


Chiwi
18 septembre 2013
Poul Anderson est un auteur de SF dont l'oeuvre est encore méconnue en France. Les éditions le Bélial puis le Livre de poche ont publié un recueil de neuf nouvelles, dont la plupart ont été couronnées d'un prix Hugo et/ou d'un prix Nébula.

Sam Hall : Dans une société où l'informatisation de la vie omniprésente et omnipotente, un fonctionnaire crée de toutes pièces un personnage qui va mener une révolution permettant de renverser le régime en place. Sam Hall ou comment le personnage d'une chanson populaire peut réussir une révolution. Et bien grâce à l'informatisation des vies des individus et à la supervision par un gigantesque ordinateur central. J'ai trouvé que cette nouvelle bien qu'écrite il y a plus de soixante ans était toujours d'actualité, surtout en ce qui concerne les big datas et les données personnelles des internautes.
Jupiter et les centaures : Pour coloniser Jupiter, les hommes utilisent des corps adaptés au climat et à l'atmosphère de la planète. Un homme réduit à un tronc et à deux bras dans un fauteuil est celui qui dirige le mieux son autochtone. Mais avec le temps il va y avoir un transfert de personnalité de l'homme vers l'avatar. Voilà une histoire qui dans ses grandes lignes va rappeler un film récent de James Cameron avec des grands êtres bleus. Et ça ne sera pas la première fois que je retrouve un élément d'un récit de SF dans un film de Cameron.
le personnage principal même s'il a une personnalité difficile a un comportement que l'on peut tout à fait comprendre. Son avatar lui permet d'aller au-delà de ce que lui permettre son corps, il lui ouvre de nouveaux horizons. C'est l'une des nouvelles qui m'a le plus plu.
Long cours : Une expédition terrienne s'écrase sur une planète lointaine. Les survivants tombent dans la décadence. Leurs descendants réussissent à rebâtir une civilisation . Arrive un temps des grandes découvertes et notamment ce qui concerne les origines de la civilisation.
Dans cette nouvelle, Poul Anderson aborde la question du libre choix de son destin. Un homme va préférer détruire ce qui peut lui permettre de conquérir l'espace immédiatement afin que ses descendants puissent le faire. En limitant volontairement son propre destin, il assure un destin bien plus grand aux générations suivantes.
Pas de trêve avec les rois ! : A la suite d'un cataclysme nucléaire, les Etats-Unis sont un pays délabré. Un coup d'Etat va entrainer une guerre civile entre ceux qui veulent une civilisation libre de choisir son destin et ceux qui veulent l'aide d'une sorte de secte manipulée par des entités extraterrestre. Cette nouvelle post-apocalyptique permet à Anderson de dénoncer un impérialisme insidieux, se réalisant par le biais psychologique et culturel. Toutefois les extraterrestres manipulateurs oeuvrent aussi pour se protéger et pas seulement par volonté d'étendre leur emprise.
C'est une nouvelle pour laquelle j'ai eu du mal à saisir où Anderson voulait venir. Les enjeux ne sont pas saisissables facilement, j'ai trouvé qu'il fallait du temps pour pouvoir s'y retrouver.
le partage de la chair : Un scientifique d'une expédition terrienne sur une planète reculée se fait sauvagement tuer par son guide avant de le mutiler. La femme du scientifique va remuer ciel et terre pour retrouver le meurtrier de son homme et se faire justice. Avec cette histoire à la Charles Bronson, Poul Anderson s'interroge sur les ressorts de l'acte d'anthropophagie. Ici il aurait des causes biologiques plutôt que culturelles. Il aborde aussi la question de la mixité culturelle, l'héroine issue d'un peuple guerrier réussit à prendre le temps de la réflexion dans le cadre de sa vengeance car son homme issu d'un peuple plus réfléchi lui a donné des éléments pour pouvoir être plus ouverte d'esprit. C'est une nouvelle que j'ai apprécié, sa fin est surprenante et permet de remettre en question l'utilité de la vengeance.
Destins en chaine : Un homme vient de mourir, un Dieu s'exprimant en binaire va le ressusciter, et cela plusieurs fois d'affilée. C'est une nouvelle étrange que celle-ci, elle m'est restée assez obscure. Alors je ne vais pas m'appesantir dessus.
La Reine de l'Air et des Ténèbres : Sur une planète lointaine, des enfants disparaissent. Les rumeurs mettent ces disparitions sur le compte d'entités surnaturelles. Une femme dont l'enfant a disparu va engager un enquêteur pour le retrouver. Encore une fois on se retrouve face à une entité qui a lancé un programme de manipulation mentale des hommes. le héros, peu enclin à la superstition, va aller au delà des peurs des habitants de la planète et va découvrir ce qui se trame. Mais il ne tombe pas dans le manichéisme. Il se rend compte qu'il y a un sens à la manipulation , celle-ci sert à se protéger. Anderson introduit des éléments qui se rapprochent de la mythologie nordique et cela donne une certaine poésie au récit.
le Chant du barde : Un poète décide de retrouver la femme qu'il a tant aimé mais qui aujourd'hui a disparue. Il va s'adresser à l'ordinateur qui gère les vies pour qu'il la ramène à la vie. L'ordinateur accepte à condition que le poète respecte un marché. Cette nouvelle n'est ni plus ni moins le mythe d'Orphée qui va chercher sa bien-aimée aux Enfers. Voir le mythe par le prisme de la SF lui donne une toute autre dimension. Voilà une autre nouvelle que j'ai apprécié grâce à la poésie et à un homme qui refuse la prédétermination de son destin.
le Jeu de Saturne : Les membres d'une expédition à destination de Saturne s'ennuient lors du trajet. Certains d'entre eux utilisent alors des psychodrames, une sorte de jeu de rôles, pour échapper à la réalité. le problème c'est que certains d'entre eux sont devenus accros à ces jeux et que face aux dangers ils ne sont plus capables de décrocher. L'alternance entre la réalité et la fiction du jeu de rôle est assez déroutante. Mais au cours de la nouvelle apparait très rapidement une critique de notre société, cette société qui n'arrive plus à se sortir du jeu, qui n'ose plus affronter la réalité. C'est une nouvelle qui prend peut être parti d'une manière un peu brutale.

En conclusion, le Chant du Barde est un recueil de nouvelles indispensables. Mais ce que je regrette c'est d'avoir lu l'ensemble d'un seul trait, j'aurais mieux fait de les lire en laissant du temps entre chaque nouvelle pour mieux les digérer.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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