AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 24 notes
5
4 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont déclenché une guerre en Afghanistan contre le régime taliban, suspecté de soutenir Ben Laden, le cerveau des attentats. Les Américains ne sont pas les seuls à débarquer dans le pays, mais s'appuient sur une coalition internationale, dont la France fait partie. Sur place, l'armée française a besoin de traducteurs et embauche donc des dizaines de "tarjuman" ("traducteur", en langue dari), ainsi que des chauffeurs, des cuisiniers et d'autres petites mains pour la logistique et la manutention. Ces Afghans, qui deviendront parfois de vrais soldats, s'engagent aux côtés des troupes alliées par conviction, contre le régime taliban, dans l'espoir de contribuer à un avenir meilleur pour leur pays. Quitte à se faire mal voir des intégristes.

A partir de 2012, la France se retire progressivement de la coalition et d'Afghanistan. Peu embarrassée de loyauté, elle abandonne sur place les autochtones qui l'ont aidée, sans se préoccuper de leur sécurité. Car ces tarjuman et leurs familles sont désormais potentiellement en danger de mort, considérés comme traîtres par les talibans et autres intégristes.

Ce roman (ou plutôt document) graphique fait suite à l'enquête sur place des deux auteurs, journalistes, et retrace le parcours de trois de ces tarjuman, depuis leur engagement auprès de l'armée française jusqu'au dédale politico-administratif pour obtenir un visa et le statut de réfugié en France.

Il ne faut pas s'attendre à beaucoup d'originalité dans le style ou la forme : on se contente de raconter sans chercher la belle phrase, c'est factuel et terre à terre. le dessin aussi est sobre, en noir et blanc, pas particulièrement séduisant. On sent bien que l'intention des auteurs est de dénoncer l'attitude honteuse de la France, qui aura accordé des visas au compte-goutte, vis-à-vis de tous ceux qui lui ont pourtant rendu de précieux services en Afghanistan, parfois au péril de leur vie. On ressent aussi leur consternation et leur indignation (louable et nécessaire) face à cette trahison et ce scandale humanitaire. L'Histoire repasse les plats, ce ne sont pas les harkis qui diront le contraire.

Publié en février 2020, cet ouvrage est à nouveau cruellement d'actualité (mais pourquoi cela ne s'arrête-t-il jamais?), et ce qu'il dénonce ne se limite sans doute pas à la France.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          485
Ce roman graphique pose la question de prise en charge par la France des personnels afghans ayant travaillé pour les services français et le bilan n'est pas en faveur de l'hexagone.
Mais au-delà de cette question qui devrait être mieux prise en compte, une autre sous-tend: comment continuer à envoyer nos soldats sur des terrains de guerre puisque L Histoire nous apprend que les locaux finissent par "mettre dehors" l'armée et dans certains cas s'en prendre à la population sur notre territoire avec attentats, radicalisation et répression.
La géopolitique et les accords économiques ont parfois bon dos.
Commenter  J’apprécie          180
Le sujet du livre nous soumet un problème épineux : celui de l'abandon de l'état (français en l'occurrence) de ses « recrutés locaux » dans des zones « à risques » voire en guerre.

Dans cet album, il est question précisément des traducteurs afghans, mais on peut étendre et généraliser cet état de fait à bien des pays à travers le globe ; c'est un vrai problème mondial et non plus uniquement français.

Dans chaque pays, des « autochtones » font le choix (ou pas) d'aider les forces armées censées venir les « libérer » ou du moins éradiquer un problème existant. le souci c'est que lorsque qu'un désengagement est amorcé, les « collaborateurs » de l'armée se retrouvent sans protection, dans leur pays où ils sont alors considérés comme des « traitres ». Et pas seulement des traducteurs mais aussi des chauffeurs, des manutentionnaires, des cuisiniers, des agents d'entretien etc…

A titre informatif et pour donner un autre exemple, il faut dire que les « tutsis » employés dans les Ambassades de différents pays en ont fait les frais directs en se faisant massacrer par les Hutus devant les portes (dont l'armée avait refusé l'ouverture) desdites ambassades…

On voit que le problème n'est donc pas nouveau… le livre fait aussi mention des « harkis » d'Algérie et des « hmong » du Vietnam… L'Histoire a la mauvaise idée de se répéter… Et rien n'est jamais « pensé » pour l' « après » ; égoïsme, individualisme, j'men-foutisme ?

La BD est aussi noire qu'en est le sujet. Les dessins illustrent parfaitement les propos. Je pense qu'ils sensibilisent bien les lecteurs à la problématique de ces « laissés pour compte », soulignant la précarité de leur situation, les dilemmes auxquels ils sont exposés et enfin le danger qui pèsent sur eux dès que leurs « employeurs » temporaires ont plié bagages…

Ici, il ne s'agit pas d'une BD philosophique où l'on pèserait le pour et le contre, le bien ou le mal, mais d'une sorte de reportage de guerre établissant des constats. Très réussi, on comprend parfaitement la situation.

A mon sens, cet album a quand même un peu « édulcoré » la partie de celui qui opte pour la migration et son long périple pour arriver à bon port… La réalité est bien plus épouvantable encore. Mais c'est vrai que tel n'était pas le centre du sujet…

Un beau témoignage, donc, des difficultés rencontrées par les réfugiés (ou ceux qui pourraient y prétendre), une bande dessinée pour adultes ou young-adults il me semble.

Un grand merci aux éditions « La boite à bulles » et à la Masse Critique de Babelio de m'avoir fait confiance pour cette lecture très instructive et réaliste.
Commenter  J’apprécie          151
La Boîte à Bulles a eu une riche idée pour nous aider à y voir plus clair sur la situation afghane, mettre à disposition des lecteurs 2 albums qui nous éclairent. (lien en commentaire)

Celui-ci date de 2020 et parle des traducteurs afghans employés par l'armée française et laissés pour compte au moment du désengagement de la France en 2012.

Le récit suit le chemin et la vie de 3 « tarjuman ». Il s'agit d'un travail journalistique, des photos viennent même apporter une touche réelle au récit tracé dans un noir et blanc semi-réaliste bienvenu. de leurs débuts, leur engagement, on suit ensuite leurs différentes missions dont certaines clairement périlleuses. Ces traducteurs deviennent de véritables soldats, armés et entrainés.

Cette situation ne sera évidemment pas bien vue de tout le monde et ne manquera pas de les mettre en danger une fois l'armée française désengagée. Quelle solution pour eux ? Demander le statut de réfugié, un nouveau parcours du combattant…

Au final, un album riche en enseignements et profondément humain, un grand merci à la Boîte à Bulles !
Commenter  J’apprécie          81
Après le 11 septembre 2001, les États-Unis entrent en guerre contre les talibans en Afghanistan suivis par certains pays dont la France. Sur place l'armée a besoin de traducteurs, les tardjuman. D'abord simples traducteurs, ils deviennent de vrais soldats participant à certaines opérations. Lorsqu'en 2012, la France se retire d'Afghanistan, elle les oublie, n'en rapatrie que quelques uns, les autres restant au pays au péril de leur vie et de celles de leurs proches menacés par les intégristes.

La France a la mémoire courte et soixante ans après les harkis, elle refait le même coup avec les tardjuman. Moins nombreux, environ 800, certains sont encore en Afghanistan, toujours menacés de mort. Ce roman graphique -ou plus exactement enquête graphique- dénonce ce manquement terrible des autorités françaises qui jouent avec les vies de ceux qu'elles emploient, cherchant ensuite des raisons souvent fallacieuses pour ne pas les autoriser à vivre sur notre sol.

Quentin Müller et Brice Andlauer ont mené une enquête, rencontrant des tardjuman en France et en Afghanistan, ainsi que des personnes qui les défendent. Ils construisent un scénario implacable absolument pas à l'honneur de la France.

Le dessin est sobre, pas chargé, je n'irai pas jusqu'à dire minimaliste, car il y a des décors, géométriques souvent très carrés, le trait est clair, pur, rien n'est superflu. Ce sont des dessins précis en noir et blanc qui appuient le scénario par leur simplicité et leur sobriété.

Roman graphique très documenté qui fait forte impression, qui parle du manque d'humanité et de reconnaissance d'un pays face à une grosse poignée d'hommes auxquels il aurait été tellement simple et naturel de proposer une autre vie.
Commenter  J’apprécie          71
Un roman graphique qui soulève un voile sur le comportement de la France vis a vis de ceux qu'elle a engagé comme traducteurs sur place, lors de l'intervention en Afghanistan , ces mêmes qu'elle a abandonné aux menaces et vindicte des talibans lorsqu'elle est repartie alors que sur place , ils menaient des opérations comme les soldats français . La France, les idéaux qu'on affiche bien hauts et la réalité du terrain....Il a fallu que l'affaire soit médiatisé en France avec un collectif d'avocats pour qu'un quart d'entre eux puissent avoir un visa de réfugiés politiques...
Le trait est sympa. Se lit assez vite , en une heure tout au plus .
Commenter  J’apprécie          60
Un avis que je poste en retard, toutes mes excuses à Babelio et aussi et surtout aux éditions La Boîte à Bulles grâce auxquels j'ai pu découvrir cette très bonne BD.
Une lecture utile et nécessaire sur le sort que connaissent encore bon nombre de traducteurs laissés à leur sort suite au départ de l'armée française du pays en 2012.
J'avais vaguement entendu parlé, il y a quelques temps, de toute cette "affaire", et lire cette bande dessinée m'a surtout donné envie d'aller plus loin dans la compréhension de ce qui s'est joué (et se joue toujours) pour ces hommes qui ont servi avec bravoure et dévouement l'armée française, et qui en contrepartie ont été totalement abandonnés.

Cet ouvrage et un petit bijoux, un travail sensible et très documenté, bref, à découvrir !
Commenter  J’apprécie          40
Témoignage inattendu pour moi que celui troussé dans « Traducteurs Afghans ». Je remercie les éditions « La Boîte à Bulles » pour l'envoi du livre via les masses critiques Babelio.

Riche et diversifiée, cette maison ne cesse de se risquer sur des sujets peu racoleurs. Même si le témoignage et l'autofiction ont le vent en poupe en ce moment, force est de constater qu'un ouvrage de bande dessinée sur des traducteurs afghans en plein conflit, n'est pas un créneau que beaucoup auraient tentés. Bravo pour ce courage.

Dans le contenu, j'avoue garder quelques réserves sur le dessin de Pierre Thyss qui ne me parle pas du tout. Simpliste, peu généreux, empruntant au manga, il me manque une patte, une touche personnelle, du relief. J'aime autant le flamboyant que le laid, mais là, rien de tout cela : l'ensemble me paraît froid, fade, sans saveur. Très peu de décors, cette viduité du détail donne plus l'impression de simplifier le travail, plutôt que le sentiment d'une recherche de l'épure.

De même côté dialogue, on cherche vainement une tournure de phrase à glisser en citation. C'est peu inspiré, plat. On sent que l'accent n'a été mis que sur la narration. On s'en contentera, donc, puisque le témoignage est intéressant et constitue une proposition assez forte pour porter sur le devant de la scène des traducteurs de l'ombre, qui risquent leurs vies pour l'instauration de la paix. Peu mieux faire donc. le fond ne fait pas tout. Il s'agirait de ne pas négliger la forme.
Commenter  J’apprécie          30
De nombreux Tarjuman (traducteurs) afghans ont aidé les français pendant la guerre après les attentats de 2011. Après leurs missions ils ont tous été menacés ou tués par les Talibans. La France leur a pour la plus part refusé de délivrer un visa pour leur famille en danger de mort.
Cet album raconte l'histoire de trois d'entre eux. Ponctué de véritables témoignage les auteurs relates la lenteur de l'administration française, la xénophobie et les promesses non tenues.
Commenter  J’apprécie          30
la bd reportage est à a bande dessinée ce que le film documentaire est au cinema permettant de mettre en lumiére des questions sociétales ignorés du grand public C est le cas du triste sort réservé aux traducteurs afgfans ayant servi dans les rangs de l armee française jusqu en 2012 .En pliant bagage et en se retirant de Kaboul , les troupes tricolores les ont " oubliés " sur place , les laissant seuls face aux menaces de represaille. La naivété des dessins de traducteurs afghans n enleve rien à la violence de l attitude de la patrie des droits de l homme
sur les 800 ressortissants afghans qu elle a employé , la France n en a acceuilli que 250 à la fin du conflit. Qader n a pas eu cette chance , il est mort dans un attentat suicide le 20 octobre 2018
Commenter  J’apprécie          20



Autres livres de Brice Andlauer (1) Voir plus

Lecteurs (34) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}