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Citations sur Versants du regard et autres poèmes en prose (4)

Du fond du corps

Il ne dormait pas, il passait des heures aux aguets, finissant par distinguer dans l’enchevêtrement des sons les rumeurs les plus infimes, l’araignée tissant sa toile ou, encore moins perceptible, la lumière ouvrant son chemin à la force du poignet dans le velours épais des rideaux. Le silence venait tard, une fois disparu l’écho des derniers pas. C’est alors seulement que la netteté gagnait ces coups venus du fond de son corps. Ils avaient toujours été là, mais ce n’est que dans ces moments-là qu’ils surgissaient purifiés de tout autre bruit, chacun avec son profil de poignard. Jusqu’à quand allaient-ils durer? Car une heure viendrait, aucun doute là-dessus, où le désert de la nuit et le silence du corps formeraient une seule substance, inséparable à jamais de la fièvre de la rosée, quand matinale elle monte les dernières marches.
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Avec le matin

On vient du côté du fleuve, les mains plus que fraîches, quelques gouttes d’eau encore prises aux cheveux. Avec le matin surgit l’anonyme respiration du monde. Une odeur de pain frais envahit la cour entière. On vient du côté du fleuve : pour être porté à la bouche, ou au poème.
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IN MEMORIAM


Schubert est mort la nuit passée. Il va me manquer,
chaque matin je me réveillais accompagné par son
chant. Il était fabuleux : il chantait de tout son corps.
Tel devait être le poète, pensais-je quelquefois,
excédé par tant de discours où l'esprit seul se
déployait. Mais entre les hommes et les oiseaux il y a,
pour le moins, cette différence : un oiseau qui chante
descend vertigineusement à ses racines ; l'homme, il
est bien rare que la flamme des voyelles lui brûle les
hanches. Voilà pourquoi sa mort me touche tant.
Demeurent donc ces lignes en souvenir du maître !
                                 Janvier 1985

p.49
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PARVIS DE SAINT VINCENT


Quand je suis arrivé sur la terrasse et que j'ai avisé le
Tage, j'ai eu envie de demeurer là jusqu'à me faire
pierre. La lumière descendait des toits pour monter
aux mâts, et longuement l'air tremblait au moment
d'effleurer les eaux. Un superbe matou s'étirait dans
l'ombre rosée des briques, vint par lentes approches
près de moi, les yeux réduits à deux fentes. Il se laisse
caresser non sans condescendance : il est d'une
voluptueuse blancheur. Tous à coup les cloches de
l'église Saint-Vincent — ding-ding-ding, dingdeng-
dong — me tombent dessus et, tout effarouchés, les
moineaux jaillissent des arbres qui s'appuient presque
au mur tout autour du parvis. Voyez comme tout est
bleu : bleu rayé d'oiseaux.
                                        19-08-85

p.35
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