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Critique de ODP31


ODP31
07 février 2021
Il ne joue pas du piano debout. Assis, c'est quand même plus confortable. Berger sans troupeau, le prodige pianote du Beethoven dans les aéroports et les gares. Pourquoi Joseph exprime son talent dans ces lieux de passage ? Ni pour orchestrer le roulis insupportable des valises, ni pour mettre en musique les voix autoritaires des hôtesses qui sifflent le rappel porte 8 pour embarquer le cheptel et notamment les égarés du duty free, ni pour masquer l'annonce habituelle du retard de tous les trains en provenance de partout, ni pour passer le temps qui trépasse. En fait, Joe cache un secret et le dernier roman de Jean-Baptiste Andrea va nous le révéler avec virtuosité.
Cinquante ans plus tôt, devenu orphelin à l'orée de son adolescence, Joe se retrouva dans un orphelinat aussi lugubre que perdu dans les Pyrénées, le très bien nommé « Les confins ». Sonate au clair de lune. L'abbé qui dirige cet enfer est la réincarnation d'un grand inquisiteur, aidé par un ancien légionnaire sadique qui assure avec zèle son rôle de pion. Jeux interdits.
Pour résister à la maltraitance et rêver d'évasion, Joe va se lier d'amitié avec d'autres camarades, surnommés Sinatra, Souzix, La Fouine, Grenouille et Momo. Ils vont se réunir la nuit pour écouter en secret une émission de radio. Cette société secrète rappelle « Les disparus de Saint-Agil ».
Le jeune garçon va aussi se raccrocher aux souvenirs des cours de piano suivis auprès de son vieux maître qui l'incitait à chercher le rythme caché derrière les notes. Dans les sentiments.
Roman initiatique, Joseph va aussi rencontrer Rose, fille d'un riche donateur de l'orphelinat à qui il doit enseigner la musique tous les samedis et qui va lui révéler le solfège de l'amour. Ré mi fa sol, sans famille. Cela va twister dans le coeur de cet Oliver.
Autour de Joe, l'auteur construit des personnages très incarnés. le récit est poignant mais ne sombre jamais dans le tragique gratuit. Il ne fait jamais l'aumône de larmes. A vot bon coeur m'sieurs dames. Certains passages comme celui du concours des histoires les plus tristes où chaque gamin raconte sa propre vie sont des bijoux littéraires. J'ai adoré cette faculté à rendre drôle des moments si tristes.
Si l'ambition de Jean-Baptiste Andréa était d'écrire la musique au-delà des notes, sa partition est parfaite et le zeste d'aventures qui pulpe le récit autour des enfants me fait regretter une seule chose : d'être trop vieux pour avoir la chance de pouvoir découvrir ce roman à l'adolescence. J'aurai adoré le lire en cachette à la lampe de poche, sous mes couvertures.
Rien à jeter dans ce roman, à part son titre, digne d'un Dan Brown sous morphine.
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