Fallait que ça pète entre Flipette et Vénère : deux soeurs forcées de se retrouver alors qu'elles ne se parlent plus depuis plusieurs années. L'une est photographe, bobo, bien pensante, l'autre brûle d'une rage qui lui fait haïr le système, mais surtout les bourgeois. Ouais, fallait que ça pète.
Alors, BOUM. Les deux. Éparpillées dans les pages, avec de la maladresse, des éclats de voix et des dialogues de sourds. J'aime les histoires où tout le monde a tort et raison à la fois. Où on est tiraillés entre ses convictions. Où on se percute et où on doit ramasser les morceaux tous ensemble à la fin. Parce qu'on a jamais raison, seul dans sa bulle.
Ce livre tente un grand écart casse-gueule. C'est parfois un peu maladroit, c'est peut-être un peu long, mais tu sais quoi, on s'en fout. Parce que ça change, parce qu'elle essaie, triture les cadres, les cases, et que ça bouillonne d'envies. Et moi j'en veux tous les jours des albums comme ça, réussis ou non.
Je veux voir Lucrèce Andreae se lancer dans d'autres grands écarts, attaquer des planches comme si elle allait tout casser en quelques traits, échouer parfois, « échouer mieux », comme disait
Beckett, parce qu'en définitive, comme le résume si bien un de ses personnages : « Ce sont les tentatives qui comptent. »