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Critique de Ambages


Surprenantes et glaciales ces quelques pages de Leonid Andreïev. Il y règne un froid austère et inamical, l'hiver est terrible.

Dans une sombre maison cohabitent trois individus, deux hommes et une femme, aidés d'une servante. le solitaire, Kijnakof, est le personnage principal, entouré d'un voleur et d'une prostituée. Kijnakof vit dans la pauvreté et ne quitte presque jamais son lit quand bien même le froid s'immisce dans sa chambre. Il est terrifié par ces cauchemars qui prennent vie dès que la nuit tombe et l'usent, au point de n'en plus vouloir vivre. Mais « il fallait vivre. » C'est un tourment pour lui que de voir le jour poindre car il sait qu'alors « se dressait devant lui cette chose affreuse : la conscience impitoyable et lucide qu'un jour nouveau était venu, que lui Kijnakof devrait bientôt se lever et reprendre sa lutte contre la vie sans espoir de vaincre. »

L'auteur nous livre une vision terrifiante de la vie qui ressemble tant à la mort. Paradoxe étonnant, il utilise une prose qui donne vie aux éléments naturels en les rendant encore plus inquiétants et féroces, telle une flaque d'eau qui semble regarder une jeune fille « comme un oeil noir et terne, très profond, et ce regard était énigmatique et terrible », la nuit qui « vint, noire et méchante » ou encore le vent qui « enfonça ses griffes d'acier dans ses joues froides. »

Le seul moment où j'ai ressenti un peu de chaleur lors de cette lecture fut la venue d'un nourrisson dans cette maison.
« Alors, le cou tendu, le visage inconsciemment illuminé par un sourire de bonheur singulier, le voleur, la prostituée, l'homme solitaire et perdu restèrent là, autour de cette petite vie, chétive comme un feu dans la plaine, qui les appelait vaguement pour les mener on ne sait où, promettant quelque chose de beau, de lumineux, d'immortel. »

Mais hélas, rien ne dure bien longtemps et « la mort avide s'était déjà assise, sans bruit, et elle attendait, calme, patiente et obstinée. »
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