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Critique de christinebrignon


Le Monde enfin
Jean-Pierre Andrevon
Helios (Actusf) 2021, réédition augmentée, publication originale 2006

Ce pavé de 715 pages se divise en quinze livres-séquences explorant des facettes différentes de la fin d'un monde et reliées par un seizième livre en pointillés qui relate le cheminement d'un cavalier presque octogénaire, quarante-cinq ans après une pandémie mondiale qui a ravagé l'humanité, en ne laissant que quelques îlots de survie ici ou là, appelés à disparaître puisque les femmes sont devenues stériles. de Paris jusqu'à la mer qu'il veut revoir une dernière fois, il nous fait une sorte d'état des lieux de la revanche de la nature sur les constructions humaines et du réordonnancement de la biodiversité.
Livre 1 (De longues vacances en perspective) : un membre de l'état-major de l'armée française reçoit un message codé qui va l'amener à laisser sa famille au seuil d'une catastrophe planétaire pour rejoindre un programme de survie de la race humaine.
Livre 2 (Eau de boudin) et livre 3 (Le zoo) : deux mois plus tard, Lolo - 9 ans, Antoine - 18 ans et Bastien - 36 ans, trois survivants de la pandémie qui transforme les gens en chaussettes vides en l'espace de quelques heures se rencontrent par hasard, libèrent les animaux du zoo et font un bout de chemin ensemble.
Livre 4 (Une orange bleue vue d'en-haut) : pendant ce temps, tout là-haut, tournent des engins monoplaces de mort nucléaire, les NAOS (Nuclear Armed Orbiting Satellite), pilotés par 27 militaires aux ordres. Lorsqu'arrive l'injonction suprême, que va décider le commandant Bob Giordano qui dirige cette unité ?
Livre 5 (La plaine aux éléphants) : onze ans plus tard, nous retrouvons Laurence (la petite Lolo des livres 2 et 3) et le professeur Sébastien Ledreu (Bastien), qui est devenu son père adoptif, alors qu'elle a décidé de partir vers la plaine du Congo en zeppelin pour y voir de vrais éléphants sauvages.
Livre 6 (Un voyage incertain) : trois ans plus tard, Stéphane Marrey, un ingénieur en rupture de ban, ami de Bastien, échange tout ce qu'il possède contre un cheval beauceron qui, espère-t-il, l'emmènera à l'autre bout de la France.
Livre 7 (Le dernier homme dans Paris) : quelques années plus tard encore, celui qui se considère comme le dernier homme dans Paris arpente la ville envahie par les animaux, en leur parlant par télépathie.
Livre 8 (Le jardin des Hespérides) : la même année, sur un autre continent, Herblock, après une interminable errance solitaire, rencontre un bon compagnon, Abraham. Ils atteignent ce qui semble un jardin d'Éden, au creux d'un vallon qui abrite un verger et un petit cours d'eau. Mais Herblock s'aventure un peu plus loin, et c'est alors qu'il aperçoit une femme… qui va révéler l'autre homme qui dort en lui.
Livre 9 (La tigresse de Malaisie) : quatre ans plus tard, dans ce monde quasi désert, Anne le Cloarec, cinquante ans, n'a pas abandonné l'espoir d'avoir un enfant. Au bout de quatre mois d'absence, ses règles sont revenues et donc l'ovulation aussi. Mais il lui faut trouver un homme…
Livre 10 (Les nouvelles du jour) : à peu près à la même époque, l'envoyé spécial, la secrétaire, le rédacteur en chef, le coursier, l'imprimeur… vite, vite, vite ! Il faut faire vite pour que Libération, le journal survivant, paraisse à l'heure demain matin.
Livre 11 (Manger) : sur un autre continent, deux ans plus tard, on retrouve Herblock, à moitié amnésique. Il vit maintenant avec un groupe qui a pu investir un abri conçu en prévision d'une éventuelle guerre nucléaire.
Livre 12 (Dans la cave) : six ans plus tard, « la cave était l'endroit où maman et la petite princesse… vivaient. »
Livre 13 (Area 267) : dix-sept ans plus tard, le commandant Paul Sorvino (livre 1) se réveille dans le bunker nommé Area 267.
Livre 14 (La princesse des rats) : la même année, Isaac Sisséko, pilote de la sonde spatiale expérimentale Alpha 2 qui était censée rejoindre une planète tellurique (O2-CH4-N2O) où l'air aurait pu être respirable sans scaphandre, se réveille d'un sommeil de 45 ans avec la Terre en vue. Ils ne sont pas partis. Pourquoi ? Et quoi faire d'autre maintenant que rejoindre la Terre, même si elle a bien changé.
Livre 15 (Le jeu avec Leyla) : « Paul Sorvino avait rencontré Leyla au beau milieu du George Washington Bridge, alors qu'il arrivait à pied de l'ouest et s'apprêtait à explorer Manhattan, attiré par la lueur énigmatique de l'Oeil dans le ciel. Cela faisait trois ans qu'il avait quitté la base enterrée de l'Area 267, où il était resté en sommeil pendant exactement 42 ans, 7 mois et 23 jours. »

Voici les dernières lignes de la nouvelle qui a donné le titre de cet ouvrage, « le Monde enfin », initialement parue en 1975 : Un jour, la larve émergera du sol et un pinson mâle la cueillera pour la donner à l'appétit insatiable de ses oisillons. Un jour, un serpent arboricole mangera le pinson, et un hérisson mangera le serpent, et un renard mangera le hérisson, et un sanglier éventrera le renard. Ils mourront tous. Ils vivent tous. le monde est à eux. Ils ont pour eux le monde. ENFIN.
Andrevon a mûri ce livre, majeur dans son oeuvre, pendant trente ans. Au départ, ce furent des nouvelles, conçues à divers moments de sa vie, sur le thème récurrent des apocalypses. En reliant ces récits courts pour en faire un livre, il fait la part belle à la nature et aux animaux avec certaines pages très poétiques. L'humain, en revanche, n'est pas épargné : ses côtés destructeurs et conquérants, sa folie des grandeurs ou sa folie tout court. Les femmes, quant à elles, sont un peu à part dans l'univers d'Andrevon. Il y a le tout-venant qui n‘est pas ménagé, lui non plus, et il y a les héroïnes de BD, les fantasmes, la récompense des héros. Pour finir, peut-être que grâce à cet amour de la femme, l'auteur laissera une dernière chance à l'humanité. CB
Chronique parue dans Gandahar 29 en septembre 2021
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