Mathieu Trachman dans sa thèse sur le travail pornographique. Ces écarts rappellent que du côté des hommes la rémunération est « une compensation supplémentaire à une activité satisfaisante en elle-même » tandis que côté femmes, « le salaire rémunère une marchandise prisée sur le marché de la sexualité » et un travail « plus pénible, qui doit être assumé »
L’ex-actrice et réalisatrice porno Ovidie a réalisé le documentaire Pornocratie, consacré aux conséquences de cette mutation de l’économie du X, notamment pour les actrices. En premier lieu, le droit à l’oubli n’existe plus : « Lorsque les premiers tubes sont apparus, je me suis rendu compte que des vidéos de moi circulaient sans mon consentement ni celui des producteurs et qu’il n’y avait aucun moyen de les retirer. » Le pire étant la dégradation des conditions de travail. Dans un entretien, elle résume ainsi la situation actuelle : « Pour réussir à attraper l’internaute et l’inciter à sortir sa carte bleue, les pontes du porno produisent du contenu de plus en plus hardcore. Il y a encore peu, l’actrice américaine Nikki Benz a déclaré sur Twitter avoir été violée, battue et piétinée sur un tournage pour [le site] Brazzers. D’autres ont confirmé par la suite avoir subi la même chose sans jamais avoir osé en parler. Des milliers d’autres encore sont contraintes de tourner des scènes deux fois plus hard pour deux fois moins d’argent. (…) Il est devenu normal pour une actrice de se prendre des gifles, d’être étranglée, de suffoquer, d’être dilatée »
Les sociologues américains Gloria Cowan et Robin Campbell mettent cette idée en évidence. Par l’analyse statistique de 53 films porno mettant en scènes 476 personnages12, ils démontrent que les hommes noirs ont souvent un statut social inférieur aux Blancs, qu’ils embrassent plus rarement leurs partenaires et qu’ils ont un pénis plus gros. Les comportements agressifs sont également beaucoup plus fréquents lorsqu’un homme noir interagit avec une femme blanche qu’avec une femme noire. Les chercheurs en concluent que la pornographie alimente les stéréotypes racistes comme la bestialité des Noirs. Ils proposent plusieurs pistes pour expliquer ces résultats. « Pour les femmes blanches, la domination et l’agression peuvent être perçues comme des sanctions pour coucher avec des hommes noirs. Il est aussi concevable que l’homme noir serve par procuration pour punir la femme blanche de sa sexualité.
Elles se prennent pour des porn stars parce que dix producteurs les ont appelées. Mais quand elles ont fait dix scènes, c’est l’entrée dans le désert. Et entretemps, elles ont lâché leur mec, leur taf, et comme dès qu’elles prennent 2000 euros, elles en claquent 1800, bah elles sont fauchées. Alors, elles arrivent dans la période creuse où elles vivent avec 200 euros dans le mois. Elles ne savent plus quoi faire. Du coup, ça fini en webcam, en pute et sur les salons.