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Critique de moklos


Commentaires de l'auteure :
"Je rencontre d'abord un homme certifié homme : il a un sexe plus gros que les autres, de l'argent, tous les signes de la virilité. Il en use, ce qui me permet de jouer un rôle féminin convenu, un rôle. Il se met en rivalité avec mon père, comme aucun homme ne l'avait fait avant lui, ce qui permet le rêve de la défloration que la narratrice fait en début de livre et qui lui fait accéder à la féminité. Mais cet homme est un pervers, quelqu'un dont la psychanalyse dirait qu'il est convaincu que la castration n'existe pas. Il se ressent tout-puissant. Il s'intéressera à des femmes pour se mesurer à elles, et organiser leurs souffrances pour en jouir. Dans le livre, tous les hommes avant lui m'apparaissent comme des mères, qui essaient d'«aider» mais ne peuvent faire de moi une femme. Puis je rencontre un homme dont je n'arrive pas à faire le tour : il n'a pas d'argent, pas de pouvoir, il a un problème d'alcool et c'est un acteur, donc quelqu'un qui interprète les textes des autres, ici le mien. Et en fait, c'est lui que je continue à reconnaître comme le seul homme et qui me permet de devenir une femme sans cesser d'être un écrivain. Donc c'est ça, le livre : une femme rencontre un homme."
"Les gens se complaisent à entendre parler de l'amour sous l'angle des généralités. Dans « Rendez-vous », une femme s'aperçoit qu'elle a, en la personne de l'acteur, «un» homme en face d'elle. D'où l'agressivité, féminine en particulier... Car bien des femmes se réjouissent d'avoir des hommes qui ne sont pas des hommes. Des hommes qui les comprennent au point d'être comme elles. du coup, il n'y a pas de femmes non plus! L'amour serait une petite entreprise où il s'agirait de gérer la relation avec l'autre ! Alors qu'il s'agit d'un volcan... Ai-je écrit un livre people ? « La Princesse de Clèves » est-il un roman historique? Non. Il devait y avoir pas mal de bruits de couloir à la cour du temps de Mme de la Fayette... Les textes sont ancrés là où ça se passe. Or, qu'attend-on de la littérature? Qu'elle nous dise comment ça se passe là où ça se passe, et ce qui se passe au juste. Sinon, que l'on ne s'étonne pas d'avoir des livres faux de bout en bout!
Voilà, c'est ça, l'agressivité féminine. Quand je relève la phrase « Ce n'est pas un rapport amoureux, mais je sais que tu ne me crois pas quand je dis ça » dans la bouche d'Éric, j'essaie de l'écouter. Soit j'ai très peur, et je dis « Je me suis trompée » et je retourne vers des « Je t'aime » qui ornent les histoires de séduction – autrement dit, je crois tout ce qu'on me dit –, ou alors j'entends cette phrase dans son contexte, avec sa respiration, son sens caché, la phrase d'avant, celle d'il y a trois mois... et je vois que ça signifie : « Ce n'est pas un rapport amoureux, mais je me permets de te le dire puisque je sais que tu n'y crois pas et que tu auras l'énergie de t'en charger, et que je peux donc continuer à animer le conflit. » Que ce soit plus difficile à vivre que les « Je t'aime, partons en week-end », c'est évident. Qui a envie d'entendre « Je t'aime, mais je ne veux pas en entendre parler »? L'amour fait peur si l'on accepte d'en tirer toutes les conséquences... Je prends le risque d'être agressée par quelqu'un qui n'a rien compris au livre. J'en prends aussi un autre qui est de dire : il y a des gens qui allèguent leur amour, tant mieux si ça vous va. Mais il peut arriver aussi que la personne qui aime coupe le téléphone."
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