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Critique de bgbg


Un amour impossible, par Christine Angot. Sincérité, pudeur, intelligence, émotion retenue irriguent ce roman. Roman qui est plutôt le masque d'un récit autobiographique. Roman qui est pour moi une surprise.
Les termes employés ci-dessus ne sont pas ceux qui auréolent habituellement l'auteure ou la communicante qu'on entend à la radio ou qu'on voit à la télé. Ils surprennent ceux qui ne retiennent de Christine Angot que ces prestations. Ils me déconcertent, moi qui énonce ces qualificatifs, mais dois avouer n'avoir lu que cet ouvrage de l'écrivaine, laquelle ne m'a jamais véritablement intéressé.
Mais, commentons ! La mère de Christine, Rachel, était une très belle femme, issue d'un milieu très modeste, avec un père juif, très peu présent et très arrogant. À la fin des années cinquante, elle rencontre Pierre, venu, lui, de la bourgeoisie, lettré et imbu de sa culture, ainsi que de sa supériorité sociale. Leur amour est passionnel et ils font un enfant, Christine. Mais Pierre avait posé ses conditions : pas de mariage, pas de présentation à sa famille, pas de reconnaissance de sa fille. Celle-ci sera le produit d'un amour fou et pur… Très pris par ses occupations professionnelles, puis par la famille qu'il fonde avec une autre femme, il ne voit Rachel et Christine que très épisodiquement. Elles restent des mois ou des années sans nouvelles, dépendantes de son bon vouloir et de ses conditions. Il finira tout de même par reconnaître sa fille, mais lui fera payer cher cet acte, en lui faisant subir des viols répétés durant son adolescence. Raccourci outrancier de ma part ? Peut-être pas, car finalement cet homme est bien ce qu'il semble être : un grand manipulateur, un pervers narcissique que la mauvaise foi n'étouffe pas. Pourtant la mère sera longtemps aveuglée par son amour, et Christine le reverra jusque tard.
Ce livre interroge sur l'amour fou et sur l'emprise que les sentiments et les vides comblés exercent sur les personnes, sur Rachel bien sûr, mais aussi sur Christine. Besoin d'amour, besoin de père, justifications laborieuses, autojustifications fallacieuses, accusations commodes, dédouanement, dévalorisation de soi-même, questionnements multiples et au long cours sur ce qu'on devient après un traumatisme grave, voilà en vrac l'oeuvre des pervers narcissiques manipulateurs au sein de leurs victimes. Et c'est ce qu'on trouve dans ce récit.
Mais n'oublions pas qu'”Un amour impossible” concerne d'abord la relation entre l'auteure et sa mère, une relation fusionnelle qui connaît la révolte, le ressentiment puis le dénigrement, le détachement, la réconciliation. le dénigrement se produit quand Christine voit régulièrement son père le week-end, et joue son jeu alors que lui semble totalement ignorer Rachel. Si sa fille semble souffrir en revenant de chez son père, Rachel pense qu'elle-même est en cause et que sa fille la rejette, elle, que tous ont rejetée un jour ou l'autre.
À la fin du roman, se fondant sur du social, délaissant le psychologique, Christine fera une interprétation magistrale de ces agressions, qu'en réalité Pierre infligeait à Rachel au travers de sa fille, en lui signifiant en permanence son infériorité sociale.
Avec un bon sens de la construction et de la progression dramatique, ce livre, bien écrit, est certainement un objet subtil au sein d'une oeuvre plus à vif. Même si l'on n'a pas lu cet auteur, on perçoit un angle de vue nouveau de ce que fut la jeunesse brisée de Christine Angot. Laquelle pourrait désormais exercer son talent autrement, sortir de l'autobiographie.
[http:/www.lireecrireediter.over-blog.com]
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