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Critique de Amorina


Pourrais-je et devrais-je vraiment continuer la lecture de ce livre ? C'est la question que je me suis posée à la découverte des premières pages. Et pas des moindres. Une scène de sexe décrite de manière crue, sans retenue aucune, comme un flash désagréable qui éblouit et colle à la rétine. Et pourtant, ce n'est pas tant la précision chirurgicale avec laquelle cet acte est décrit que la sensation d'un malaise sous-jacent qui nous dérange.

Car ici, la jeune femme est soumise. Muette. de ses pensées nous ne savons pas grand chose. Ni d'elle-même, d'ailleurs. Réduite au néant jusque dans l'écriture, elle se dérobe et nous échappe, passant de pièces en pièces comme un fantôme aux yeux tristes. Face à elle, un homme pervers et manipulateur, qui emplit le silence de sa voix monstrueuse. Sa vie, sa famille, ses conquêtes et les attraits qu'il trouve à leurs corps, jusqu'à sa façon d'en user, tout y passe.

Mais où sommes-nous ? L'air est oppressant, on étouffe, dans ce presque huit-clos infernal. Et puis la révélation : un père, sa fille. C'est insupportable, après tout ce qu'on a lu. Et ce n'est pas fini.

Tour à tour doux, charmant, sadique et violent, l'image du père est cassée, éclatée en mille morceaux pour laisser place à un être innommable, destructeur. On aimerait se libérer de cette emprise, sortir de cette chambre où tout semble perdu, abîmé, jusqu'à ce crucifix accroché au mur, ce symbole d'amour bafoué devant la brutalité et l'avilissement de la chair. Réduite à un objet, une bouche, une poitrine, la victime ne parvient à se libérer de cette fascination perverse, cette spirale sans fin, où les journées semblent s'écouler indéfiniment, étirant les étreintes et violences jusqu'à vous en faire perdre la raison. Jusqu'à ce moment interdit, cet instant de trop où elle osera enfin prendre la parole, exister. Mais demande t'on à une poupée de savoir parler…?

Un récit d'une force indiscutable, malgré sa noirceur.

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