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Critique de talou61


Vivre la Révolution !

J'attendais beaucoup de ce numéro des AHRF...
Restituer les existences de 1792 à 1795, à travers les manuscrits, journaux, courriers, n'est pas aisé.
Mais la recherche de ces écrits privés et de ces sources se sont développées ces dernières années.
Même si la vie ordinaire a continué dans ces quatre années de "radicalité", la Révolution s'est immiscée dans les pratiques quotidiennes et a affecté le rapport aux autres, au temps, à l'espace et aux choses.
Avec leurs rythmes heurtés, les écritures intimes mettent également en lumière l'existence d'une crise du temps vécu et perçu par les différents rédacteurs.

Côme Simien signe un brillant billet sur "Vivre en 1792" (mon année préférée !) : où il décrypte et retranscrit 24 journaux et livres domestiques. le but est bien d'écrire la mémoire de leurs familles à des fins de transmission.
L'auteur a choisi l'année 1792 car, pour lui, cette année est propice à l'observation du ressenti de chacun face à la Révolution : les débuts de la guerre, les défaites, les fêtes, mais aussi les violences, les émeutes de subsistances... Mais aussi, les visites de Versailles, les théâtres, les guinguettes, l'arrivée des Assignats, les divisions politiques, les ventes des biens des émigrés, un baptême civique…
Les évènements politiques sont ainsi abordés pour la première fois, car ils ne sont plus restreints comme sous l'Ancien Régime.

L'article suivant relate des écrits d'un greffier municipal : qui traduit une vie de modéré en Révolution qui le fascine autant qu'elle l'angoisse…

Ma chère Annie Duprat étudie les passions et les ruptures à l'appui du journal de Rosalie Jullien : un article un peu complexe à lire car centré sur les luttes politiques et l'avis de Rosalie sur les hommes de pouvoir (Marat, Barère, les Brissotins…) ; j'aurais préféré une étude sur les différentes fêtes de 1792 si bien décrites dans le journal de Rosalie.

Samuel Guicheteau s'attaque quant à lui au fonds Dobrée des Archives municipales de Nantes et les lettres de Pierre Dobrée, négociant et patriote engagé dans le combat révolutionnaire, membre de la municipalité et arrêté en août 1793 qui relate les procès de Carrier et des négociants nantais. Un article, lui aussi, complexe, qui touche plus les années après 1792 mais qui démontre que les notables ont profité de la Révolution , en acquérant les biens nationaux, et ont inventé "le système de terreur" accablant Robespierre et Carrier. Une étude qui aurait gagné à être approfondie ! (peut être dans un numéro spécial des Annales ?!)

Un article sur l'étude du réseau épistolaire du marquis et de la marquise de Bombelles : dans le cadre des travaux sur les émotions en politique, on voit que ces monarchistes appellent à la violence pour détruire le jacobinisme vécu comme un châtiment divin ! On voit ainsi certains acteurs préférer la destruction de leur pays que la Révolution !

J'ai aimé l'article sur Sant-Cyr Nugues, secrétaire de Marc Antoine Jullien ; ce jeune homme a été directeur des bureaux du Comité de Salut Public de novembre 1793 à octobre 1794. Même si ce journal très centré sur les émotions, s'arrête au "9 thermidor... 3 ans"

J'ai regretté dans ce numéro des Annales beaucoup d'articles sur des modérés et des monarchistes au détriment de ceux sur les révolutionnaires... Même si ces derniers ne savaient pas tous écrire et ne prenaient pas le temps d'écrire sur la Révolution qu'ils vivaient.
Je n'ai pas apprécié l'article sur la guerre civile de Vendée qui, écrit par une universitaire de l'Université catholique à Angers, aurait gagné à être plus neutre car il est à charge pour "les Bleus" (violents et alcooliques !) !

La section des "comptes-rendus" de lecture est toujours aussi intéressante et j'ai particulièrement aimé la critique de la biographie de Saint-Just d'Antoine Boulant (que je n'avais pas appréciée !) par Marisa Linton qui conclue que "la biographie prudente de Boulant ne surpasse ni ne remplace pas celle de Vinot" !
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