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Critique de pierre31


« J'écris parce que je crois que j'ai quelque chose à dire. C'est la vie que j'ai menée entre dix-huit et vingt ans, entre mon échec au bac et mon départ au régiment. »

Oui, l'auteur de ce récit anonyme a quelque chose à dire, et on ne peut que remercier Pierre Gripari d'avoir sauvé ce témoignage de l'oubli. Cette vie à raconter, c'est l'expérience du travail en scierie, dans trois scieries exactement.

L'auteur de ce texte captivant n'est pas fils d'ouvrier. Attendu au tournant, il lui faut gagner le respect, prouver qu'il est un homme. Pas d'idéalisation : le travail est abrutissant et dangereux, le milieu est souvent mesquin, méchant, aigri, la solidarité de classe n'a aucune existence. Chacun est seul, pas de place pour les faibles. le style colle parfaitement à cette réalité : dégraissé, sec, dur, direct, sans artifices littéraires. Pas de psychologie, pas de politique, pas de sentiment, seulement le travail. Un travail de bagnard, véritablement.

Ce fils d'ingénieur est physiquement et moralement fort, orgueilleux, il tient, serre les dents, subit et fait subir, se dépasse, s'élève dans la hiérarchie des forçats, s'endurcit, se dessèche, se déshumanise.

Et pourtant, malgré tout, dans ce milieu si dur, tous ne sont pas réduits à être de simples brutes. Des sentiments subsistent, un peu, une certaine camaraderie, le plus souvent non dite chez ces hommes taiseux, une fierté. Parfois aussi, la carapace se brise pour quelques instants, les hommes craquent, et même les plus fort pleurent.
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