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Critique de Aaliz


Aaliz
20 novembre 2012
Qui n'a jamais entendu parler des aventures de Sindbad le marin, du génie de la lampe d'Aladdin , qui ne connaît pas le célèbre mot de passe permettant l'accès au trésor des 40 voleurs ?
Etrangement, ces contes les plus populaires et les plus célèbres des Mille et Une Nuits ne font pourtant pas partie des contes originaux.
En effet, à l'origine, les Mille et Une Nuits seraient des contes issus de la tradition orale indienne qui seraient parvenus jusqu'en Perse où des chercheurs ont relevé dans un ouvrage la mention d'un manuscrit intitulé Hezar Efsane ( les Mille contes) pourtant jamais retrouvé.
Par l'intermédiaire des marchands perses et arabes, ces contes auraient été progressivement transmis de façon orale toujours de génération en génération pour égayer les nuits lors de longs voyages jusqu'à ce qu'ils soient enfin mis par écrit aux environ du XIIIème siècle. Au cours du temps, les arabes auraient ajouté au corpus initial de nombreux autres contes mêlant ainsi éléments indous, persans et donc arabes donnant ainsi leur exotisme et leur charme tout oriental aux Mille et Une Nuits.
Au tout début du XVIIIème siècle, Antoine Galland prend l'initiative de traduire ces contes et d'en faire la version des Mille et Une Nuits que j'ai eu entre les mains. Plus qu'un travail de traduction, Galland s'est permis aussi de réécrire les contes, édulcorant certains passages pour ne pas heurter la sensibilité de ses compatriotes, supprimant tous les poèmes et toutes les fables et ainsi que d'autres passages qu'il a jugé ennuyeux, utilisant un style raffiné et réagençant l'ordre des nuits qui ne correspond donc pas à l'ordre original. C'est également à lui que l'on doit l'ajout des contes de Sindbad (fortement inspiré de L'Odyssée d'Homère), d'Aladdin et d'Ali Baba.

J'ai beaucoup apprécié ce premier tome des Mille et Une Nuits. La construction du récit est diabolique puisqu'elle rend la lecture très addictive. le lecteur se retrouve dans la même position que le sultan Shahriar et, dévoré de curiosité, ne peut s'empêcher de tourner les pages pour connaître la suite. Parce que, bien sûr, Schéhérazade arrête toujours son récit à des moments cruciaux.
On voyage énormément grâce à ces contes, on se trouve tantôt à Bagdad, tantôt en Inde, ou encore au Caire ou même à Damas, ce qui illustre parfaitement la pluralité de leur origine.
Mais bien que le cadre géographique invite à l'exotisme, j'avoue que le style très « France du XVIIIème » de Galland m'a empêchée de m'abandonner au rêve. C'est une langue qui ne colle pas du tout au cadre. A l'origine, les contes ont été retranscrits dans un langage populaire ( ce qui les a d'ailleurs longtemps discrédités aux yeux des lettrés arabes). Galland a donc voulu adapter le style à un public occidental ayant accès à la littérature ( la haute société donc), alors certes c'est très agréable à lire mais comme je le disais on ressent un décalage entre le fond et la forme.
Au sujet de la forme, l'originalité de ce recueil est aussi la construction en mise en abîme où les différentes histoires s'emboîtent les unes dans les autres à la façon des poupées gigognes. Ainsi, l'histoire du petit bossu en comprend 4 autres dont l'une d'elles en comprend 2 dont l'une en comprend 6. Mais je vous rassure ! On ne perd pas du tout le fil !

Concernant le fond enfin, bien que certains éléments et thèmes soient récurrents, on ne s'ennuie pas une seconde. Certains contes sont même parfois drôles (je pense notamment à celui du bossu et au barbier) et riches en péripéties avec de nombreux voyages, des rencontres extraordinaires de serpents géants, de sauvages anthropophages, d'autres monstres et animaux fabuleux. le monde des Mille et Une Nuits est vraiment plein de magie et nous fait retrouver cet enfant enfoui en nous prompt à s'émerveiller de tout et qui nous manque tant dans notre vie d'adulte responsable.
Il y a des personnages types comme les djinns, les fées, tantôt bienfaisants tantôt le contraire , le sultan toujours paré d'une même vertu : la miséricorde, le prince ou le pauvre homme à qui il arrive une succession de malheurs mais pour qui tout se termine toujours bien.
Les contes ont un certain côté moralisateur puisque souvent les personnages ne doivent leurs malheurs qu'à des défauts propres à la nature humaine tels que la cupidité, la curiosité, la jalousie etc… Mais toujours, et c'est vraiment récurrent, deux vertus s'imposent parmi toutes les autres : la générosité et le pardon. le méchant est plus souvent pardonné que puni.
Parmi toutes les histoires de ce premier tome, j'ai préféré celle des Trois Calenders, celle de Noureddin Ali et j'avoue que celle du Bossu est plutôt bien partie (mais malheureusement la fin est dans le 2ème tome).
Je crains beaucoup l'effet de répétition et donc de lassitude aussi je vais attendre un peu avant de lire la suite mais j'ai vraiment passé un très agréable moment à lire ces merveilleux contes.

Si vous souhaitez lire les Mille et Une Nuits, renseignez-vous bien sur les différentes traductions et éditions. J'ai lu que certaines n'étaient même pas présentées par nuits mais par histoires. de même, ma version de Galland ne compte pas 1001 nuits mais uniquement 237 et d'ailleurs le 3ème tome n'est plus présenté selon les nuits mais ne comporte que les histoires ( Schéhérazade est tombée aux oubliettes). Il me semble qu'il existe une traduction toute récente (parue à La Pléiade) qui, elle, comporte toutes les nuits (sauf erreur de ma part) et respecte l'ordre et le style d'origine.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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