-C'est qui Eveline ? demanda Catherine
-Eveline est d'une beauté exubérante. D'un pourpre sombre, elle est veinée de bleu clair et rehaussée de pistils orange. C'est une fleur avec beaucoup de contraste. Elle est aussi très grande avec des sépales ondulés et veloutés.
-Je croyais que tu parlais d'une vraie personne, fit Catherine
-Mais c'est le cas. (p209)
-Tu ne plantes pas seulement pour toi ou pour moi. Tu plantes pour les suivants et ceux d'après encore. Alors vas-y,il y a bien du travail.
Quelque chose qui se nourrissait de tant d'éléments disparates, qu'elle ne put les démêler tous distinctement. Elle pensa à une inflorescence, un petit élément indissociable d'un tout, et nécessaire à l'enchevêtrement de l'ensemble. (p107)
Comme si le gouffre, enfin, se repliait sur lui-même, emportant encore plus profondément dans sa panse malsaine les erreurs du passé. Alors les eux se détournent, soulagés, débarrassés d'une honte si ancienne qu'elle ne les concerne plus. (p248)
Maintenant, dans ma vie, j'ai deux fauteuils. Ma vie sociale s'est rétrécie au point de tenir en équilibre dans ces deux espaces minuscules. Lorsque je me laisse choir dans le fauteuil d'Ada, autour de moi, ça grogne, ça feule, ça bave, ça lèche, ça renifle, ça pue. Je m'en extrais avec des traces de terre, de mucus et un nombre inimaginable de poils collés à mes habits. Le fauteuil dans le jardin de mon beau-père grince lorsque je bouge. Ce qui m'oblige à rester le plus immobile possible, le grincement étant come un rappel de mouvements inutiles. François s'affaire autour de moi. Un tourbillon qui coupe, arrache, cisaille, creuse, tasse, enfonce, redresse, attache. Et moi, à part vaguement observer ses gestes, je ne fais rien. Je suis comme une de ses plantes, une vie immobile qui se laisse agiter par les éléments extérieurs.
L'ennui est un état très confortable.
(page 167)
Lorsqu'il s'agit de ton enfant, ce n'est pas que tu acceptes de faire des concessions, il n'y a pas de concessions, simplement. Tu peux trahir ton âme, tes valeurs, le monde en entier. Tu es prêtes à tout pour protéger ton enfant. C'est ainsi.
"Le secret, le voilà: le faire c'est bien. Le faire savoir, c'est mieux. Si tu piges ça, tu piges tout ma belle."
Moi aussi je rêve d'une vie extraordinaire, comme tout le monde.