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Critique de Kirzy


°°° rentrée littéraire 2019 #32 °°°

125 pages seulement.

125 pages d'extraordinaire délicatesse pour raconter une famille cabossée.

125 pages oxymoriques où la noirceur côtoie la poésie, la douleur la poésie. Une douceur ouatée déchirée de rudesse pour plonger dans l'intime d'un triangle familial. Natacha Appanah tisse à partir de lambeaux de vie de chacun un texte incroyablement lumineux qui garde jusqu'au bout une ligne claire, vivante et elliptique.

D'abord il y a la mère, Eliette devenue Phénix, le personnage le plus déchirant : les passages qui éclairent sur les traumatismes vécues durant son enfance m'ont secouée, bruts, crus, d'autant plus terribles qu'ils l'accompagnent adulte puis mère, la déchirent toujours et se transmettent à ses enfants, inéluctablement, irrémédiables dégâts qui s'en suivent.

Paloma, la fille aînée, qui a décidé que pour vivre il fallait qu'elle fuit le plus loin possible de cette mère en souffrance, quitte à abandonner son petit frère et à être torturée par les affres de la culpabilité.

Le fils, le frère, Loup, adolescent étrange et décalé, emmuré dans ses détresses. le choc de son incarcération reconstitue le trio, avec peut-être la résilience au bout, peut-être un horizon moins sombre, peut-être.

Et quelle écriture ! Eblouissante. Il n'y a pas un mot de trop, aucune phrase banale pour meubler. Juste de l'humain qui vibre et bruisse de toute la palette des émotions, comme dans cette scène où la mère et la fille se retrouvent après dix ans sans se voir, pour rendre visite à Loup :

« Il y a ce regard échangé de loin. C'est la mère qui avance vers la fille parce que cette dernière est pétrifiée – par cette beauté, par cette vague d'motions qui l'atteint, par le poids de ces dix années, par la difficulté ) être m'enfant de sa mère – et toujours le coeur qui bat, le ventre qui tourne, l'esprit qui se débat pour trouver les mots qui conviennent, mais en réalité c'est autre chose qui prend le dessus et ça ressemble à un début, à quelque chose qui s'ouvre et qui offre on en sait quoi, on en sait pas encore comment mais on espère que ça ressemblera à de la tendresse et, pour l'instant, ça leur suffit. »

« Il était une fois » commence ce roman, comme un conte atemporel et universel sur la famille, la filiation, l'hérédité de la transmission des traumatismes. « Il était une fois » le conclut de façon puissance et vibrante comme un hymne à la vie, aux possibles.

Bouleversant.
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