Maëlys

Je n'ai pas lâché le livre, tant ce témoignage tient en haleine. On voudrait que ce ne soit qu'un roman, une fiction, mais malheureusement c'est une histoire vraie …
Peut être que ce récit aura apporté un peu de réconfort à l'auteure, l'aura aidée à mettre ou à remettre au clair ses pensées, à évacuer peut-être aussi un peu de la souffrance qu'elle vit au quotidien depuis la disparition de sa petite fille, voire à reprendre goût à la vie. Et c'est déjà très bien !
Mais pour la lectrice que je suis, à part la peur panique qu'une chose aussi atroce m' arrive pour mes enfants ou mes petits-enfants, à part le dégoût que cette histoire provoque en moi vis-à-vis d'une justice injuste, à part la tristesse infinie que je partage avec les parents de la petite … je trouve qu'il y a un certain voyeurisme à se repaître du malheur des autres, je me sens mal, comme pas à ma place, spectatrice de cette dévastation à laquelle pourtant je compatis pleinement, comme si j'avais écouté aux portes …
Et en même temps, pour moi qui suis issue d'une famille où a eu lieu le décès accidentel d'un enfant de 20 ans, et qui ai grandi dans cette ambiance de chagrin et de mort, je n'arrive pas à adhérer totalement à cet étalage de malheur, le fait sans doute que l'auteure se soit répandue dessus, le fait d'avoir fait passer au second plan, voire quasiment occulté, l'aînée, le père, d'avoir si peu évoqué leur douleur à eux, leur détresse à eux, de s'être ainsi repliée sur elle-même en rejetant en bloc le monde extérieur me déconcerte … mais après tout chacun vit son deuil comme il le peut !