Les femmes, c’est la vie, l’optimisme, l’avenir.
Écrire, c’est toute ma vie. Un besoin, un peu comme marcher, respirer.
Il n’est pas fréquent que la vie se manifeste de si douce façon. Le rappel de moments de bonheur me plonge dans le plus complet désarroi.
J’ai mal vécu mon adolescence. Au mieux, elle n’a été qu’attente de jours meilleurs. J’ai détesté ces années du plus profond de mon être. À côté, ma déplorable vieillesse est un âge d’or.
C’est une femme en tous points charmante, belle, intelligente, tout ce qu’on veut. Un peu maniérée peut-être, mais il a connu pire. Ce qui le rassure surtout, c’est qu’elle est en couple. Elle ne devrait donc pas trop chercher à faire étalage de ce qu’elle appelle de façon un peu trop appuyée son charme féminin.
Quand une femme évoque sa beauté, il se dit qu’il y a erreur sur la personne ou qu’on n’ose pas lui dire la vérité. Il aurait aimé avoir un autre visage. Tout sauf cette absence d’expression, ces yeux mornes. Le miroir, il faut bien l’affronter pour la corvée du rasage. Autrefois, il s’en servait aussi pour ajuster une cravate.
Il y a sûrement sur terre des hommes pour qui la paternité est un but. Je ne suis pas des leurs. Il m’arrive de penser que j’aurais aisément accepté d’être infertile. L’autre jour, je me suis trahi devant ma fille. « Ainsi, m’a-t-elle dit, tu aurais souhaité que je ne naisse pas? » Sur le coup, je suis resté muet. Mon silence pouvait lui indiquer qu’elle avait raison. Je me suis débattu autant que j’ai pu. Pas sûr de l’avoir convaincue.
Quand je raconte mon enfance, on ne me croit pas. Je suis un petit homme, étroit d’épaules, d’allure impeccable, d’une politesse d’un autre âge. J’ai été poussé à la discrétion par mon physique même. Les sports ne m’ont jamais attiré, les voyous non plus. À dix ans, j’avais toujours le nez fourré dans un livre. À quinze, j’étais convaincu que je deviendrais écrivain. Je me suis inscrit à des cours d’écriture, j’ai noirci des milliers de pages. Sans grand résultat. À vrai dire, je n’ai jamais terminé un seul manuscrit.
J’étais persuadé qu’avant d’écrire il fallait vivre. De tas d’écrivains le prétendaient. Mais comment vivre? Raconter mes courtes liaisons? Je n’en voyais pas l’intérêt. Je me sentais aux portes de l’existence, je n’ai jamais eu la sensation de les avoir franchies.