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Critique de Fandol


Le Train des enfants, roman plein d'humour, de tendresse et d'émotion qui met en lumière un moment d'Histoire trop vite oublié, m'a emmené dans cette Italie de l'après seconde guerre mondiale, à Naples.
Dans cette ville, comme dans le sud du pays, une grande partie de la population vit dans la misère. Les enfants ont faim, ne sont pas scolarisés, vivent de chapardages ou de ce qu'ils peuvent trouver en accomplissant de petits boulots.
Le Parti Communiste italien (PCI) est sorti grandi de la défaite du fascisme. Ses responsables décident alors de sauver un maximum d'enfants de la misère et de la faim. Pour cela, ils trouvent des familles du Nord pour accueillir, nourrir, choyer ces gosses pendant l'hiver qui approche.
Celui qui raconte, Amerigo Speranza, est d'une spontanéité, d'une franchise impressionnantes. Il observe constamment les chaussures que portent les gens, lui qui marche trop souvent pieds nus. Viola Ardone le fait parler alors qu'il a huit ans et que les bruits les plus fous circulent, mensonges propagés par les anti-communistes, les royalistes… Ils font croire aux gosses qu'ils vont partir en Russie, qu'on va leur couper la langue et les mains, les manger, etc…
Enfin, c'est le départ, en train. Amerigo se rassure auprès de Tommasino et Mariuccia, deux camarades de son quartier. Ils sont impressionnés par les chansons : « bella ciao, ciao ciao » ou encore « sebben che siamo donne, paura non abbiamo, per amor dei nostri figli, per amor dei nostri figli… », c'est La Lega, fameuse chanson des mondine, ces piqueuses de riz de la vallée du Pô en révolte contre les patrons, reprise ensuite par toutes les femmes en lutte contre les injustices.
Maddalena Criscuolo les a bien préparés. Maurizio les a même dessinés. Au dernier moment, ils ont jeté leurs manteaux tout neufs depuis le train pour ceux qui restent et les voilà, après un long voyage, en gare de Bologne où l'accueil est festif. Les familles d'accueil récupèrent l'enfant qui leur a été attribué. Amerigo est chez Derna, militante syndicale qui vit seule à Modène mais, en face, Rosa, sa cousine, et Alcide, son mari, avec leurs trois enfants : Rivo (10 ans), Luzio (7 ans) et Nario (pas un an) – essayez de réunir ces trois prénoms… - deviennent une belle famille d'accueil pour Amerigo.
Grâce à Alcide qui est accordeur de pianos, Amerigo découvre la musique, les instruments, le violon. Il se distingue à l'école, découvre le potager, les animaux de ferme et surtout mange à satiété, est bien habillé. Quand il retrouve Mariuccia, il réalise qu'elle est belle et que Tommasino a même grossi !
Enfin, c'est le retour à Naples et quand Amerigo raconte ce qu'il a vécu à sa mère, celle-ci ne l'écoute pas. À partir de là, le roman devient beaucoup moins amusant.
Grâce au talent d'écriture de Viola Ardone et son excellente traduction par Laura Brignon, je ressens toute la frustration de ce garçon qui aime sa mère, apprécie sa ville mais regrette tout ce qu'il a connu dans le Nord du pays. de vexation en privation, il sent monter en lui une profonde amertume qui ne peut que déboucher sur une seule issue.
Dans la quatrième partie de ce roman si émouvant, Viola Ardone fait un grand saut dans le temps. Toujours à Naples, notre narrateur se confronte à son passé, aux échecs, surtout aux non-dits. Même s'il n'est jamais trop tard, que de regrets après tant d'années passées chacun dans son monde sans pouvoir communiquer !
Même si l'amour est toujours le plus fort, il est impossible de ne pas être touché, bouleversé même par ces échanges manqués ou refusés avec ceux qu'on aime. La vie puis la mort accomplissent leur oeuvre. D'autres prennent notre place mais avant de nous en aller, essayons de le faire avec le moins de regrets possible, à condition de savoir et de pouvoir écouter.

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