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Critique de mercutio


Ce recueil d'essais hérite du titre de l'un d'eux; il est sous-titré "huit exercices de pensée politique".

D'exercices, il s'agit bien ici et c'est en cela que réside premièrement l'intérêt de l'ouvrage.
Sur les thèmes, sélectionnés vers 1960 par l'auteur, américain, toujours pleinement d'actualité et, www aidant, parlant à l'ensemble du monde occidental (krachs de la tradition et de l'autorité, aspirations contradictoires à la liberté, perte de confiance dans le politique et complotisme, dissolution de la culture dans les loisirs,….), point de réponse apportée à des questions qui, lorsqu'elles sont posées, ne sont que rhétoriques.
Mais une activité incessante pour chaque fois rechercher des origines, établir des filiations, dénicher le concept derrière la perception commune, détecter des ruptures, pointer le coeur derrière la peau, la graisse et autres membranes obscurcissantes, en un mot dépecer la bête.

En second lieu, l'indéniable connaissance par l'auteur de ses illustres prédécesseurs dans la matière, offre "clés en main" un ensemble de références et l'opportunité d'aller y regarder de plus près, au cas où affinités notamment chez les chouchous Platon, Aristote, Machiavel et Kant.
Seul L'essai "La crise de l'éducation" fait exception car traité sur un plan plus sociologique que philosophique.

Et d'un, et de deux, c'est pas mal!

Au-delà, c'est affaire d'aptitude et me semble-t-il de goût.
Aptitude à la gym au sol quand les abdos ont disparu voire n'ont jamais existé.
La conduite de la pensée de l'auteur semble souvent non linéaire, les enchaînements surprennent, l'ensemble peut paraître confus avec des débuts comme extirpés d'un plat de spaghettis, des ensuite qu'on veut bien mais pourquoi ceux-là et pas d'autres? , des enfin aux airs de "ah tiens, c'est là où elle voulait en venir"!...
Bien entendu, ce n'est que l'avis d'un gars qui préfère le marathon à la gym au sol.

Goût pour les mets simples plutôt que la nourriture moléculaire .
La phrase traduite en français est plutôt lourde, épaissie de nombreuses locutions, inserts, précisions qui ne semblent pas s'imposer et nuisent à un exposé clair du raisonnement. Des formules "toc" tels que "mais le plus important est…", "l'ennuyeux est….", "tout se passe comme si…" sont récurrentes et lassent à force. Et cet élitisme gratuit, inutile consistant à émailler le texte de mots ou locutions, grecques de préférence, latines à l'occasion, quelquefois traduites mais pas toujours.

L'élitisme peut énerver mais il est à la rigueur admissible en tant que prérogative d'une élite adoubée par ses pairs et le public.
Ne boudons donc pas notre plaisir d'exploser de rire devant la métaphore du parallélogramme des forces imaginée par l'auteur dans sa préface quelque peu absconse "La brèche entre le passé et le futur"; métaphore qui, tout bien considéré, toute honte bue et les neurones en fusion, nous laisse préférant Hannah Arendt proposant des exercices de philosophie plutôt que des travaux dirigés de physique.

Reste la question: le relire ou pas?
A discuter avec Hamlet.
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