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[...] Depuis deux jours, le vent des fleurs soufflait, la tiède brise qui fait éclore les fleurs et les marie, et dans la plaine, sur les coteaux, à part la verdure joyeuse des jeunes blés, toute la campagne était blanche. L'air sentait bon, les arbres pliaient sous des flocons de neige embaumée, les pétales effeuillés tourbillonnaient partout dans les parfums et la lumière, ainsi que des vols de papillons blancs ; et pour cadre à cette joie, à ces blancheurs, les grandes Alpes, déjà revêtues des chaudes vapeurs de la belle saison, mais encore couronnées de neige, se dressaient dans le lointain, blanches et bleues comme les vagues de la Méditerranée quand elles secouent leur écume au soleil un lendemain de tempête. [...]
Je vins au monde au pied d’un figuier, il y a
vingt-cinq ans, un jour que les cigales chantaient
et que les figues-fleurs, distillant leur goutte de
miel, s’ouvraient au soleil et faisaient la perle.
Voilà, certes, une jolie façon de naître, mais je
n’y eus aucun mérite.