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Critique de Ledraveur


— “Ceci n'est pas un livre”, mais un « manuel de pratique spirituelle » (ou : praxis)

En premier lieu je vais rendre un hommage “appuyé” à Chimé Rigdzin pour la clairvoyance qu'il a eu d'offrir la possibilité(1) à certaines personnes de nos contrées d'Occident et de nos jours (exclues par ailleurs par des moyens indignes[2]) de pénétrer au plus prés de ce dont il est question dans cet ouvrage, une méthodologie précise de pratique spirituelle dans la voie du vajrayana ancien.
En second lieu une grande reconnaissance pour le travail de traduction ciselé de Stéphane Arguillère qui a fait oeuvre d'orfèvre en la matière tant l'on sent le souci extrême de rendre au plus près et au plus juste l'héritage de Rigdzin Gödem et Tsultrim Zangpo (ou Tulku Tsullo) au lecteur averti.
Une grande gratitude donc à ces personnes !

Cet ouvrage donc, est constitué de deux parties principales :
— l'une traitant de la préparation à la mise en oeuvre de la “praxis” et des conditions diverses qui sont requises, ainsi qu'un développement des « Quatre pensées » plus connues sous le vocable des « Quatre nobles vérités »[3] dans le bouddhisme, enseignement fondateur issu du premier sermon (Dhammacakkappavattana sutta), appelé "la mise en mouvement de la roue du dharma", qu'a donné Bouddha Gautama à Sârnâth après son “éveil”.
— l'autre traite de l'aspect proprement méthodologique et de sa mise en oeuvre et de ses applications et implications.
En outre, Stéphane Arguillère nous livre dans son « Introduction » des réflexions d'une parfaite lucidité quant à la situation aujourd'hui de ces “transmissions” et leurs difficultés présentes, à ne pas sous estimer !
Il est évident que tout cela apparaîtra assez abscons pour toute personne n'ayant pas eu un rapport authentique avec un “Vajracharya” ("porteur de vajra") authentique et héritier régulier d'une Lignée identifiable et reconnue.
Par contre, pour celles et ceux qui ont eut l'opportunité de telles rencontres, ce “manuel” est un vrai “trésor” d'où le terme tibétain « Terma », mot tibétain désignant un « Trésor spirituel ».
Ainsi nombre d'idées erronées distillées de diverses manières et endroits, en Occident du moins, sont ici « pourfendues ! », selon le Tantra qui pulvérise les discours  :
— « Or, comme me l'a dit une fois “C. R. Lama”, assez peu de temps avant sa mort : « De nos jours, les instructions du maître au disciple demeurent secrètes, mais il n'y aurait aucun sens à vouloir garder les textes secrets. »
p. 26
ou encore :
Ce qui est frappant, pour nous, a contrario, c'est l'accent qui est porté sur la nécessité absolue d'enseigner quiconque présenterait les caractéristiques voulues*. Même si elle n'est pas absolument originale, cette ferme recommandation — où l'on voit, du reste, que le manuel est autant ou plus fait pour les maîtres qu'il ne l'est pour les disciples — n'en est pas moins instructive : elle est parfaitement contradictoire avec la tendance qu'ont certains dépositaires d'enseignements de ce type à les regarder comme leur bien propre, éventuellement monnayable, mais surtout le plus souvent réservé, dans l'école rNying ma telle qu'elle va aujourd'hui, à un cercle assez étroit de privilégiés statutaires, entre lesquels existent le plus souvent des liens de famille. Il est heureux que Chhimed Rigdzin ait eu une tout autre tournure d'esprit :
p. 43
et encore … :
« Puisqu'il est difficile, pour un maître, de rencontrer un tel récipiendaire adéquat de ces enseignements, quand il le rencontrera, avec foi et respect* envers le profond Dharma et le disciple à qui il va être enseigné, qu'avec joie il lui confère la transmission scripturaire avec les profondes instructions. »
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* Si cette idée d'une « foi et respect » du maître à l'égard de son disciple n'est pas un hapax (sPrul sku Tshul lo ne serait pas du genre à inventer une chose aussi étonnante, qu'il a donc bien dû trouver quelque part), du moins est-elle rarissime dans la littérature religieuse tibétaine : je ne l'ai jamais vue ailleurs.
p. 443

Nous nous rendons bien compte que nous sommes là en présence de quelque chose de tout à fait exceptionnel dans son contenu ! Et il ne me semble pas devoir aller plus avant dans cette présentation qui s'adresse à “un public averti” tout de même.

http://www.arguillere.org/2017/06/suite-de-mes-souvenirs-relatifs-a-chhimed-rigdzin-rinpoche-n-4-quelques-reflexions-sur-la-folle-sagesse.html

— — —
(1) Nous avons pour notre part “œuvré” en son temps (certes sans aucune commune mesure avec ce qui est proposé ici, et en toute modestie, malgré des difficultés invraisemblables !) dans le même ordre d'idée et état d'esprit de partage ouvert :
http://camisard.hautetfort.com/archive/2015/10/18/30eme-anniversaire-des-transmissions-orales-du-%C2%A0rosaire-d-or-du-tcha-dja-tc.html
(Un travail similaire sera présenté sur ce site d'ici l'été 2020 - Le 30ème anniversaire des Transmissions orales - 1990 « Le cœur de la voie bouddhiste » en présence et sous l’autorité de Khyabjé Dilgo Khyentsé)
[2]
http://camisard.hautetfort.com/archive/2007/12/21/tchadja-tchenpo-dhagpo-k-l.html

[3] les "quatre pensées qui détournent l'esprit du saṃsāra" (une traduction plus juste serait: "les quatre conversions") n'ont qu'un rapport indirect avec les "quatre nobles vérités". Les "quatre nobles vérités" sont le cadre général de toute la voie bouddhique (au moins dans sa version “Petit Véhicule”) tandis que les "quatre conversions" ne sont qu'un dispositif (de méditation analytique) visant à produire le renoncement au saṃsāra.
(note corrective de Stéphane Arguillère pour dissiper une confusion ; en date du 10 VIII 2019 à une amie proche, sur Facebook)
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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