Toute la vie trépidante du vingtième siècle se trouve là à mes pieds : un cycliste passe en portant, pareil à un trophée, un carton remplis d’œufs ; deux vieilles dames se sont arrêtées au coin de la rue et lisent avec intérêt les articles d'un journal placardé -notre député peut être satisfait, la "propagande visuelle" éveille pleinement l'intérêt de nos concitoyens ; des gens qui faisaient la queue devant un magasin se dispersent- le boucher vient certainement de leur dire qu'aucune livraison n'aura lieu aujourd'hui ; un homme remplace une plaque rouillée sur laquelle était écrit "Vos enfants ont besoin de sucre !" par une autre plaque fraîchement peinte avec l'inscription "Citoyens ! Gardez votre ville propre !" ; des gamins font une partie de foot entre deux cages improvisées avec des pierres -comment diable arrivent-ils à courir sous une chaleur pareille ?!
« Et il tomba dans un profond sommeil qui dura cent ans », ai-je envie de dire dans le style de nos contes traditionnels, dans lesquels le héros, victime d'un sortilège, parvient à se réveiller grâce aux pouvoirs d'une bonne fée. Et tous deux de s'unir dans des noces féeriques. Autrement dit, sans liste de mariage ou autres coûts exorbitants pour les invités ! »
(p. 155)
Comme l'aurait dit un écrivain d'autrefois, les ténèbres ont étendu leurs voiles sur le ville. Grosso modo il fait nuit.
(p. 97)
Quelques minutes plus tard, je sors à mon tour de chez moi. En arrivant en bas de l'immeuble, je tombe sur un groupe de gamins en train de jouer à chat perché.
Dès que ces avenirs radieux de la nation m'aperçoivent, ils interrompent leur jeu et s'approchent de moi pour me saluer avec respect. Il faut dire que contrairement à tous mes voisins, je ne les engueule jamais quand ils font trop de bruit ou cassent un carreau et lorsqu'ils font une partie de foot, il m'arrive souvent d'y participer.
(p. 82)
Je suis sûr que les récits d'amoureux transis se promenant dans un parc main dans la main, vous font bâiller d'ennui autant que moi. Je vous épargnerai donc les détails lacrymogènes de mon idylle avec Mihaela.
(p. 28)
Jusqu'ici tout va bien...
Fin ce citation
Première chose à résoudre : me débarrasser du cadavre, au moins pendant quelques jours. Où pourrais-je le mettre ? Sur le balcon commun pour le séchage du linge ? Dans l’ascenseur ? La meilleure solution serait de le mettre à la cave. C’est l’endroit le plus frais et le moins fréquenté de l’immeuble ! Mais comment le transporter ? Tant pis, il me faut prendre le risque. J’attends que minuit sonne, attrape Valentin sous un bras et le traîne comme s’il était ivre mort. Je rentre si bien dans mon rôle que je lui fais même des reproches attendris sur le fait d’avoir encore à son âge un tel penchant pour ce genre de débauche.
Je me propose de commencer en remettant un peu d’ordre. Comme le disait mon grand-père : « Maison ordonnée stimule la pensée. »
Après quelques instants de réflexion, je conclus que l’enquêteur idéal doit être une personne discrète et pleine de sollicitude. Autrement dit, moi. Je jette un coup d’œil reconnaissant au large rayon de mes livres policiers et me mets au travail.
Impossible de prévenir la police ! Quelle explication pourrais-je leur donner avec un trou de mémoire pareil ? Et je ne vous raconte pas le raffut ! Non seulement je devrais renoncer à mon travail, mais on m’enverrait à coup sûr dans une coopérative pour participer à la lutte nationale contre les doryphores et autres fléaux agricoles de notre chère patrie. Non, ce qu’il me faut c’est une enquête sans tambour ni trompette. D’autant que j’ai déjà assez d’amis qui attendent avec une impatience à peine masquée le moment où je vais me casser la gueule. Non, ce ne sera pas pour tout de suite. Celui qui m’a lancé cette provocation va voir de quel bois je me chauffe !