Les hommes du déshonneur. La stupéfiante confession du repenti Antonino Calderone

Ouaaah ! Quel homme d'honneur ! Il tire même après sa mort ! " tel a été le commentaire sarcastique d'un des mafiosi présents.

Que de belles paroles ! Que de beaux principes ! Combien de fois j'ai pu constater, dans les années qui ont suivi, le manque de respect pour ces règles: le double jeu, la trahison, les meurtres commis en exploitant justement la confiance de ceux qui croyaient à ces règles. Jusqu'au moment où il m'a bien fallu en conclure que la Cosa Nostra réelle est bien différente de celle qui m'a été présentée le jour de la cérémonie.

Ça se fait par l'observation, l'examen, de la part des plus vieux, des meilleurs parmis les jeunes. Les mafiosi les plus anciens, ami du père, parents de la mère, suivent les petits, et quelques-uns ressortent du lot. Ce sont les nouveaux chefs, les nouveaux hommes d'honneur.

C'est important: nous, on est des mafiosi : les autres, c'est le tout-venant. On est des hommes d'honneu. Et pas seulement parce qu'on a prêté serment, mais parce qu'on est l'élite du crime. On est très supérieurs aux déliquants ordinaires. On est les pires de tous !

On y apprend ainsi - et ce n'est pas le moins surprenant poru un public français - que la répression fasciste aivait presque entièrement eu raison de la mafia (en qui Mussolini ne pouvait voir qu'une concurrente) et qu'elle ne dut sa survie qu'à l'arrivée des Alliés.

Sicilien de Catane - cette ville moderne et dynamique qui est un peu le Milan du Mezzogiorno italien - cet homme qui est, selon les propres mots du juges Falcone, un véritable "enfant de la balle", né dans une famille mafieuse, frère et neveu de mafiosi puissants, a vécu toute l'histoire de la mafia depuis cinquante ans et participé au plus haut niveau à toutes ses activités.