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Critique de dbacquet


Nous sommes à Buenos Aires, à la fin des années vingt. La ville est comme un animal, un chaos de vices et de souffrances, dans lequel on plonge. Les coups pleuvent en sorte qu'on croit parfois assister à un match de boxe. La mort s'invite aussi bien la nuit suite à des défis stupides que dans une aube poisseuse. La ville est pleine d'illusions et de maléfices. Sous le son d'une guitare et d'un bandonéon, dans une étrange gargote, se croisent de petits escrocs, des joueurs, des invertis, des proxénètes (les cafishios), des intellectuels inadaptés et névrotiques, des illuminés et des mystiques. Erdosain est là errant dans ses rêves comme un fantôme se précipite dans un abîme. Il a volé la compagnie qui l'emploie et risque donc la prison. Il a été dénoncé par l'un de ses proches avec lequel il avait toujours eu une relation assez trouble, faite d'intimités et de haines réciproques. Sa femme, lasse de leur misère commune, le quitte pour un militaire. On le suit dès lors pas à pas, presque en somnambule; on entre dans sa conscience tortueuse et angoissée où dominent des idées de toute-puissance et de destruction. Il pense au suicide et au crime et dans les bas fonds de son âme, aux goûts d'hallucinations et de latrines, il s'analyse avec une minutie qui ajoute au macabre. Et s'il est parfois saisi par une grande pitié et des rêves de pureté, c'est encore à la manière d'un enfant ou d'un malade. Et sur sa route il va rencontrer d'autres fous. Il se laisse fasciner par l'Astrologue, un idéologue douteux, qui projette de monter une société secrète, suivant le modèle du Ku Klux klan, qui serait financée par un circuit de maisons closes et qui aurait une colonie dans des montagnes aurifères. Celui-ci s'entoure du Ruffian mélancolique, d'un chercheur d'or, d'un major... et rêve de dominer le monde avec toutes les armes du mensonge. Vous l'aurez donc compris, l'écriture de Roberto Arlt est souvent âpre, brutale, dérangeante, mais sans jamais relacher son étreinte.
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