AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ys


Ys
13 septembre 2016
A cause d'une voisine un peu trop séduisante, un digne baron prussien se retrouve embarqué avec son épouse, quelques compatriotes et une poignée d'Anglais dans d'improbables vacances à travers le Kent et le Sussex... en caravane.
L'idée semblait bonne, pourtant, bucolique et économique, mais la réalité se révèle vite bien différente entre une météo peu coopérative, des fatigues incessantes et une multitude de tâches ménagères indignes auxquelles on s'attend apparemment à ce qu'il mette la main. Hautement imbus de ses nombreuses supériorités (masculine, nobiliaire, militaire et surtout nationale), incapable de s'adapter à un mode de vie différent, toujours fatigué, critiquant tout, ne fichant rien, scandalisé par la liberté de ton et d'allure des femmes (qui, malheur ! déteint sur sa propre épouse), par la mollesse coupable des hommes qui ne cherchent même pas à les mettre au pas, par ces nobles qui fraternisent devant un feu de camp avec des individus aussi douteux qu'un député socialiste, le cher baron ne va pas tarder à faire de l'aventure un véritable purgatoire - pour lui-même comme pour ses infortunés compagnons. Cela bien entendu sans se rendre compte un seul instant de l'exaspération qu'il suscite, ni des subtiles railleries qu'on ne tarde guère à lui opposer.

Après le délicieux Elizabeth et son jardin allemand, je poursuis avec grand plaisir la découverte d'Eizabeth von Arnim. le ton est ici beaucoup plus burlesque - le personnage du baron est sacrément gratiné et comme c'est lui qui prend la plume pour nous conter ses aventures, le style est à la mesure du caractère et de ses ridicules. Assez irrésistible, surtout quand le brave homme exalte avec une lourdeur exemplaire la veine poétique de son inspiration ou la cocasserie de son humour (que personne hélas ne semble comprendre). On est assez loin, du coup, du ton raffiné, vif et spirituel qui faisait le charme du premier ouvrage de l'auteur, mais l'affaire n'en est pas moins très réjouissante et la finesse reste présente. Dans certaines inflexions de la personnalité du baron, presque touchant parfois malgré ses travers dont il est presque autant victime que coupable. Dans les réactions des autres personnages, surtout, qu'il décrit avec une naïveté confondante mais dont le charme, l'humour, la délicatesse, apparaissent très vite au lecteur, séduit, lui, et qui échangerait bien sa place contre celle de ce lourdaud insupportable !
Et puis, derrière ce personnage, se profile une critique au vitriol d'une certaine Allemagne - la Prusse nationaliste, conquérante, arrogante et phallocrate, un brin caricaturée sans doute mais que l'auteur a dû connaitre d'assez près puisqu'Otto von Ottringel s'inspire clairement de son premier mari, le comte Von Arnim, qu'on avait déjà entraperçu dans toute sa splendeur entre deux pages du Jardin allemand et avec qui elle semble avoir quelques comptes à régler.
Ils le sont fort joliment ma foi, et avec ses implications féministes, ses accents politiques, légers, désinvoltes mais bien présents, En Caravane est un peu plus que la simple comédie dont il possède la saveur.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}