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Critique de Pois0n


Dans un monde idéal, les livres comme celui-ci n'auraient pas besoin d'exister. Mais on ne vit pas dans un monde idéal et tout le monde, je dis bien tout le monde, de l'intégralité des acteurs du monde de l'édition jusqu'au lectorat, devrait prendre le temps de lire le coup de gueule nécessaire d'Élodie-Aude et surtout, prendre le temps de comprendre ce qu'elle dit.

De façon très didactique, elle explique tout ce qui, en l'état actuel des choses, coince dans le monde de l'édition (et en particulier de l'édition française) dès qu'on aborde le sujet de la représentation des minorités. Pourquoi ladite représentation est importante. Pourquoi il est encore plus important qu'elle soit faite correctement, et comment y arriver. Pourquoi, enfin, il est important d'écouter les coups de gueule comme celui-ci et en particulier lorsque l'on n'est pas concerné.

Parce que ouais, forcément, c'est plus facile d'y être réceptif en appartenant soi-même à une ou plusieurs minorités. Je suis queer, handi, gros. Si vous suivez mes critiques, vous m'avez probablement déjà vu vouer au bûcher des romans où la représentation de personnages handis était ultra-problématique. Ou gueuler en découvrant que l'éditeur français d'un livre avait mis en illustration de couverture une femme mince comme un clou, alors que l'héroïne de l'histoire est grosse, et montrée comme telle sur la couverture d'origine. Vous avez aussi pu, à l'inverse, me voir me réjouir de découvrir une représentation, même fétichiste, de personnages non-binaires dans Dragon de Thomas Day, parce que c'était la première fois que j'en croisais dans un livre. La première, et encore la seule à ce jour...
Entre l'invibilisation (comment trouver des personnages qui nous ressemblent, si tout est fait pour les planquer sous le tapis ?) et la répétition de clichés éculés qui peuvent, dans la vie réelle, impacter négativement les discriminations qu'on subit déjà (« mais non, tu fais pas *tel truc que je fais* quand t'es autiste, je l'ai lu dans un livre... »), n'est-il pas légitime de demander à ce que les choses changent ?

Il n'est pas question d'effacer quiconque du paysage littéraire. Au contraire : il s'agit de faire de la place à toutes ces personnes, que, jusque là, l'on ne voyait jamais ou presque. Également de prendre conscience que les mots ont un sens, pire, du poids, et que choisir consciemment de s'en foutre se verra. Que les bonnes intentions, bien que louables, ne suffisent pas. Pas « pas toujours », elles ne suffisent pas, point. Une bonne intention n'a pas non plus valeur d'excuse. Même si un effort vaudra toujours mieux que rien, ça n'est pas assez.

C'est ce qu'essaie d'expliquer Élodie-Aude, et elle le fait bien. Alors, lisez ce livre. SURTOUT si vous ne comprenez toujours pas le problème. SURTOUT si vous en avez marre ne nous entendre râler. Parce que ce livre, là, c'est à vous qu'il s'adresse, même si tout le monde devrait y jeter un oeil, ne serait-ce que parce que même avec toutes les bonnes intentions du monde, il est des choses dont on a pas toujours conscience.
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