Ma mère m’avait toujours affirmé que le jour de mes seize ans serait l’un des plus beaux jours
de ma vie. Et elle ne s’était pas trompée !
Mais elle avait omis de me dire que le surlendemain, je vivrais un véritable cauchemar qui
hanterait toutes mes nuits. Comment continuer à avancer quand on a perdu tous ceux que l’on
aime ? À quoi se raccroche-t-on lorsque l’on a un trou à la place du cœur ? À l’espoir d’un nouveau
jour ? Non, on se cramponne à celui de se venger.
Pour ne pas sombrer, elle choisit de s’engager dans l’armée. Bien que celle-ci soit exclusivement masculine, elle y est acceptée comme apprentie. Placée sous l’autorité d’un capitaine qui s’avère ne pas être ordinaire, elle se découvre elle-même certains dons. Ils lui seront très utiles pour participer à cette trop longue guerre, accomplir la vengeance qu’elle souhaite et, peut-être, cicatriser les blessures de son cœur.
Le sourire aux lèvres, le prince m’expliqua que ce n’était là que les appartements réservés à la famille royale, et qu’il n’occupait qu’un étage parmi d’autres. Il s’arrêta devant une porte et l’ouvrit. J’y entrai en premier et restai complètement ébahie par la beauté, par l’immensité de la pièce qui était inondée de soleil. Je tournai sur moi-même pour admirer tout ce qu’elle recelait. En apercevant les grandes fenêtres, je m’y précipitai pour contempler l’extérieur. Je m’émerveillai comme une enfant face à la splendeur de la vue.
Les maisons, à la drôle de forme octogonale et aux façades agrémentées d’arbustes fleuris, s’étalaient sur des kilomètres. Les rues, toutes pavées de pierres blanches et rouges, serpentaient au milieu des bâtisses comme une rivière façonnée par le temps jusqu’à déboucher sur une place inondée de monde.
Impuissante, j’assistai à un ballet étourdissant d’épées. Les lames fendaient la chair de mes amis, faisant gicler leur sang, sectionnant leurs membres dans un concert barbare de cris et de hurlements. À cela s’ajoutaient les horribles images des maisons en feu. Les flammes léchaient la pierre, noircissant les murs et embrasant les toits. L’odeur âcre de la fumée asphyxiait mes poumons et mon cœur de colère.