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Critique de Florel


Je crois que c'est la première fois que je lis un auteur mexicain. Pour une première, c'est une réussite, et une sacrée belle découverte. Ce mélange de temps, d'histoire, et l'imagination étaient beaucoup trop bien maniés pour ne pas l'apprécier, malgré le fait que ça soit un gros pavé.

Nous allons donc suivre l'histoire d'un loup chassé et capturé à travers les étendues blanches et forestières du Canada, et de celle de Guillermo Juan et de sa famille au Mexique. L'histoire prépondérante est la dernière, l'histoire triste de Guillermo. Histoire triste certes, mais pas dénuée pour autant de questionnement, d'évènement, de passion, de haine, de rebondissement, de force et de courage, qui va permettre d'aborder tout un tas de sujet, dont trois principalement.

Tout d'abord la corruption. Beaucoup de corruption. Mais la corruption meurtrière, celle qui tue avant de punir par la prison. Et pour avoir refusé de verser une part de ses butins au chef de la police, c'est ce qui perdra Carlos, le frère de Guillermo.
Qui dit corruption, dit aussi collusion entre gang et pouvoir. Se battre contre l'un c'est se battre contre l'autre, c'est aussi redessiner des règles. Ce qui n'inquiète pas Guillermo qui veut venger ses morts, mais qui va cependant réveiller tout un système plus grand que lui et qui ne plaisantera pas, et cherchera vraiment à l'éliminer. N'est sauvage pas que le loup…
Enfin, ces pages c'est aussi l'occasion d'aborder la religion. La manière dont-elle est utilisée, la manière dont on peut la voir. La manière dont-elle peut se faire menaçante par l'idéologie ou par les groupes. C'est aussi aborder le fond, souvent ridicule, de fait le dieu Serpent à plume (Quetzalcoatl) n'est pas plus ridicule que le reste.

Mais ce livre, ce n'est pas qu'un combat avec les mains ou idéologique, ce n'est pas non plus que des combats d'intérêt financier ou contre la pourriture, même si cette dernière peut avoir des apparences angéliques. C'est aussi des questionnements, des errances. Qui suis-je ? Dois-je préférer la justice à la vengeance ? Dois-je me transformer en assassin pour venger les assassins de mon frère ? Que me reste-t-il à part mes morts ?
C'est aussi en outre, un combat contre soi-même. Guillermo va vraiment s'interroger sur l'enrôlement qu'il a subit parce que son frère lui a demandé. Il va se questionner ainsi sur les actes qu'il a pu commettre et leurs conséquences. Je vous laisse imaginer dans quel état ça va le mettre. Et quand je parle de combat contre soi-même, c'est aussi admettre que les morts sont parfois sombres et loin de l'image merveilleuse qu'on avait pu en tirer.

Ce livre c'est tout ça, mais c'est aussi une histoire, enfin deux histoires qui finiront par se rejoindre. C'est donc celle de Guillermo, son enfance, sa procréation, son adolescence et l'adulte, mais aussi celle du loup qui raisonne en écho avec Croc-Blanc et Moby Dick. Et pour cette dernière, et après un début un peu houleux - car on se demande vraiment où l'on va -, elle deviendra tout aussi passionnante que celle de Guillermo. On va y découvrir d'autres histoires tragiques (qui permettront de faire une pause dans l'histoire de Guillermo), mais très intéressantes qui vont mettre à jour d'autres paysages, d'autres histoires, d'autres personnalités, d'autres sauvages.

Juste un petit bémol, certains passages longs et pas intéressants, ceux qui parlent de sexe. Ils n’apportent rien à l'histoire, ou très très peu.

En résumé, c'est un livre long, très difficile à chroniquer tellement il est riche en situation et question, mais c'est un livre à lire. le mélange des histoires, les analepses et les prolepses, l'écriture, les personnages, les situations, ne peuvent en effet que plaire. C'est vraiment trop bien manié, trop bien raconté, trop riche, pour ne pas aimer. Et ça serait dommage de passer à côté.
Lien : http://voyagelivresque.canal..
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