"Je serais le Sauvage. On ne m' arrêtera pas. Si je dois me venger, je me vengerai. Si je dois pardonner, je pardonnerai. Si je je dois aimer, j' aimerai. Si je dois renoncer, je renoncerai. Si je dois me battre, je me battrai. Il est dit que c' est la vie et non la mort qui guidera mes décisions. Je donnerai ma vie pour la vie, toujours pour la vie."
Si tu penses à la vengeance commence par creuser deux tombes. Confucius
Viens mettre le holà,Jésus,une secte d'assassins prétend défendre ton nom ,ils le brandissent comme un étendard de mort et de désolation , le triturent, l'éclaboussent de sang ou alors est-ce toi qui a dicté ces sentences de mort après avoir prêché l'amour et la solidarité?
Depuis la mort de Carlos, on fait tout lentement, chez nous. Comme si la mort avait retardé de dix-sept secondes les horloges internes des membres de notre famille. La mienne retarde aussi. Je mets du temps à répondre aux questions, à me réveiller, à avaler, à boire, à uriner, à réfléchir. Dix-sept secondes de décalage par rapport à la cadence du reste du monde.
La nuit, il l’entendit hurler. Des hurlements profonds, prolongés, puis le silence. Un tel silence inquiéta Amaruq. Il chaussa ses bottes et ouvrit la porte de sa tente. Il prit une torche et l’alluma dans le feu. Il marcha en direction de Nujuaqtutuq pour vérifier s’il était toujours là. Les bourrasques de neige l’aveuglaient, il avançait à tâtons en balayant la nuit de sa torche jusqu’à ce qu’il tombe sur le loup couché au pied du tronc. Amaruq se rendit compte qu’il s’était trop approché et essaya de reculer, mais la neige le freinait. Nujuaqtutuq se leva et l’attaqua. L’homme réussit à lui donner un coup de torche en pleine gueule. Hébété par le feu, le loup tomba sur la neige avant d’essayer de l’assaillir encore, mais la chaîne le retint.
Bien sûr que les morts nous parlent. J’entends susurrer les miens nuit après nuit. Leurs murmures ricochent sur les murs. Ils m’empêchent de dormir. Mes morts se blottissent dans leurs tombes inondées. Mes parents, ma grand-mère et mes frères trempés, l’eau dégoulinant sur leurs cercueils. Comment font les morts pour sécher sous terre ? Restent-ils mouillés, se transforment-ils en boue ? Se secouent-ils comme des chiens qui émergent d’une flaque d’eau ? Allons, Rulfo, Faulkner, Shakespeare. Venez ici avec moi. apprenez-moi quelque chose, n’importe quoi pourvu que cela m’aide à traverser ces heures éreintantes et suffocantes.
La mère de l'assassin doit être si accablée qu'elle a trouvé le cran d'aller affronter la mère de celui que son fils a tué. Elle n'est pas venue le justifier ni demander pardon en son nom. Elle est venue partager son chagrin, serrer dans ses bras la mère qui a perdu un enfant à cause de son fils.
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Or Carlos avait compris à la perfection que, dans le système capitaliste, la rébellion avait une valeur très cotée. Il savait la labelliser et la commercialiser, et persuader ses clients que les vrais révoltés étaient ceux qui s'aventuraient dans les univers de la morphine et LSD, loin des sentiers battus de l'herbe et de la coke.
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