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Critique de RChris


2019, Philippe Artières veut acheter une vieille bergerie à l'abandon qui ne peut être transformée en résidence secondaire car inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité. Voilà d'où part l'intérêt de l'auteur qui le conduira à cet essai, l'achat ne pouvant se faire.

En bon universitaire appliqué, l'historien expose d'abord le propos de son livre : “...montrer en quoi le Larzac - c'est la thèse que nous défendons ici - est un laboratoire où se sont inventées des vies collectives qui ont fait interagir des humains, des animaux et des végétaux, mais aussi des objets et des gestes.”
Sinon tout est dit (ou presque) dans le sous-titre : “Une histoire de crânes, sorcières, croisés, paysans, prisonniers, soldats, ouvrières, militants, touristes et brebis…”

“Gardarem lo Larzac”, ce slogan que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître, sauf à lire ce livre.
Mais l'auteur ne se contente pas de parler de la lutte contre l'extension du camp militaire : “Sauvons le Larzac”.
Il remonte l'histoire de ce causse d'agro pastoralisme méditerrannéen de 1000 km² jusqu'au paléolithique et aux traces d'occupation du plateau qui était alors boisé, c'est l'artisanat de la verrerie qui a consommé les chênes !…

A une époque plus récente (1962) le Larzac fut un camp qui accueillit les activistes algériens indépendantistes jusqu'aux accord d'Evian puis les “supplétifs musulmans” de l'armée française qui avaient combattu les premiers, mais aussi des Harkis et des Moghaznis.
Le livre cite d'ailleurs le roman d'Alice ZeniterL'art de perdre”, récemment chroniqué.

Bien sûr, la lutte des paysans du plateau contre l'extension du camp militaire (1972-1981) est la partie qui m'a le plus intéressé car elle se rappelle à mon bon souvenir ! avec Lanza del Vasto, non violent charismatique et figure quasi christique de la communauté de l'Arche (j'en vois certains qui se souviennent !)

Par suite de l'abandon du projet d'extension du camp militaire, le Larzac gardera sa place militante et d'activateur d'idées exprimé notoirement par José Bové qui luttera contre la malbouffe, l'agriculture intensive, la circulation outrancière des denrées avec notamment le démontage du McDo en 1999 comme acte militant manifeste.
Viendront ensuite la Méridienne, le viaduc de Millau, le village des marques, la centrale solaire…

J'ai apprécié cette tentative d'essai historique où chaque pli raconte une histoire singulière et influence les suivantes.
Le pari de cette démonstration est réussi : “Ainsi le Larzac est-il un de ces lieux inextricables de notre monde que l'histoire des sols, des animaux, des plantes, des femmes et des hommes produit. Paradoxalement plus que nos villes, plus que nos métropoles, ces lieux sont ceux où les identités du divers surgissent, et avec elles des imaginaires collectifs.”
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