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Critique de Annette55


Au soir de la fête de son départ à la retraite, il a soixante- cinq ans, Monsieur Masakazu Takewaki ,—— surpris par le voile cotonneux d'une neige légère —-, s'effondre dans la rue, les bras chargés de fleurs , victime d'un malaise dans le métro qui le ramenait chez lui après le pot de départ.
À l'hôpital local, il est admis en soins intensifs.

En s'enfonçant profondément dans le coma,il entend la voix du directeur général , un ancien voisin et ami, celle de son gendre et de son employeur , meilleur ami de Masakazu, celle des médecins et infirmières dont une côtoyée dans le métro durant quarante ans, celle de son épouse et de sa fille Kawane.

Il entend tout ce qu'on lui dit, sans qu'il puisse le faire savoir à ses visiteurs .Ses proches racontent leur vie,les morceaux qu'ils ont partagé ensemble, et surtout ce qu'eux - mêmes n'on jamais su mais seulement supposé .

Ces monologues et les réponses que le moribond adresse aux lecteurs ——en italique dans le texte,——sont une bonne occasion d'évoquer les autres faces , hors de la vie professionnelle , si importante au Japon, l'emprise du monde du travail qui accapare les citoyens japonais .

En voyageant aux frontières de la mort, en incursion dans l'autre monde, il remonte le temps , se réveille , rencontre une charmante vieille dame: « Madame Neige »«  Elle avait délivré le moribond que j'étais de sa douleur et de son désespoir, elle m'avait rendu heureux, . Au point que les flocons tombant en abondance me semblaient de moelleux pétales à la douce chaleur tombant sur moi » ..

Comme s'il retournait vers ses origines inconnues, abandonné par sa maman , âgée de 15 ans, lui, l'orphelin——enfant trouvé,—-éduqué au sein d'un orphelinat , épousant une fille de divorcés , il n'avait jamais rien dit de ses origines à son épouse , rencontrée il y a plus de quarante ans, courageux , obstiné , «  L'être humain oublie ce qui lui est désagréable » .

Il remonte le temps comme si l'auteur était convaincu qu'il existe un autre monde où les morts résistent et attendent ceux qu'ils ont connus, chéris, aimés , avec la pudeur et la réserve habituelles au Japon.
Asada Jirô conduit son récit surréaliste , fantastique avec maestria , dans une échappée belle inscrite dans la grande Histoire de l'après guerre, les années du miracle économique ( les héros est né le 15 décembre 1951 ), ce livre est un plaidoyer sur l'importance de la famille , l'amour filial, et le portrait de la société japonaise.
Comment se construire quand on ignore d'où l'on vient?

Être père alors que l'on n'en a pas eu?

Comment le couple évolue t- il au fil des générations? -

Roman très touchant pétri d'humanité , d'amour, de tendresse, d'émotion contenue et de spiritualité.
Texte poétique à l'écriture soignée touchant à l'universel dans le voyage aux frontières de l'existence.
«  Grâce à toi, j'ai pu racheter entièrement mon triste passé et il me reste encore de la monnaie » ..
Un livre à relire plus tard pour sa richesse .
Traduit du japonais par Jacques Lalloz . Aux éditions Picquier.


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