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Citations sur États des lieux : 13 poètes américains (10)

Le retour de la lumière

Même aussi tard, cela arrive :
le retour de l’amour, le retour de la lumière.
À l’éveil les chandelles semblent s’être allumées d’elles-mêmes,
les étoiles s’assemblent, les rêves se fendent aux oreilles,
d’où s’élèvent des bouquets d’air chaud.
Même aussi tard, les os du corps brillent
et la poussière du lendemain reprend son souffle.

Mark Strand
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Mer vineuse

Car il n’y a nulle part
mais un rêve
nulle mer
sinon en l’emmêlement
de nos consciences :
sombre mer vineuse
de l’histoire
où tous nous tournons
tournons, tanguons
et disparaissons.

John Montagne
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Feuilles

Amants qui prennent plaisir
Dans la compagnie des arbres,
Qui vous détende après bien des baisers
Dans les bras l’un de l’autre,
Observez les feuilles.

Leur manière de frémir
Au moindre souffle d’air,
Leur manière de trembler,
De s’agiter presque individuellement; celle-là
Commence à remuer quand les autres
Attendent encore immobiles,
Indénombrables, injustifiables —

Qu’est-ce que je raconte?
Une feuille sur un million plus effarée,
Plus joyeuse,
Que toutes les autres?

Là-haut dans la profondeur
Si nuancée du grand chêne,
Mes paupières cillent de sommeil
Avec elle, une seule feuille troublée
d’ombre, de lumière.

Charles Simic
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Prophétie

À la fin de l’année les étoiles disparaissent
l’air retient son souffle la Sibylle chante
elle chante d’abord l’obscurité qu’elle peu voir
et elle continue de chanter jusqu’à ce temps
qu’elle ne peut voir sans temps ni obscurité

nul n’entend tandis qu’elle chante encore
les jours blancs donnés l’un après
l’autre devenus couleurs autour de nous

avant qu’elle n’ait pu le voir un éclair venu
du plus profond où tout commence

fait s’embraser les mots auxquels nul n’a cru

William S. Merwin
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- proche, comme tout ce qui est perdu Tess Gallagher


Que sommes nous maintenant, nous qui étions deux paupières élevant en alternance
Le monde diurne puis nocturne par-delà ses fantasmes de vie éternelle ? Un œil observait l’autre dans sa quête infinie d’un chemin qui ramenât à un langage similaire au lavage des rêves de notre passé, ce gage sans plus aucun lien que toute mort réclame à tort.

Je ne pouvais me résoudre à ce que l’étoile diurne succède à l’étoile nocturne avant qu’une autre vie ne jaillisse par-dessus les décombres magnifiques des souvenirs ensevelis au fond de moi.
à présent l’amour est mon orbite meurtrie par la joie, telle un archet que la courbe d’un poignet fait aller le long de deux cordes sur un violoncelle tandis que,
plus haut, la main attentive soumet l’une des notes comme la douleur-en-transit soumet le langage à des fins incompréhensibles.
C’est alors seulement qu’elle peut dissimuler sa vibration
dans l’expérience d’un nouvel amour qui engloutit l’ombre.

Une telle union nous subjugue, non par son harmonie, mais à travers une prolongation du souvenir telle que nous sommes incapables d’exprimer les sensations qu’elle procure, mais devons les extérioriser comme des corps, comme si l’aspiration de l’âme à ressentir pénétrait en nous, comme elle pénètre, oui, comme elle pénètre.

Et voici que l’ombre fait un pas à notre place.
Et je parle à l’intérieur de l’ombre en l’appelant
par son nom dans l’amour, par son corps le plus tendre : Morenito, Morenito (*).
Et elle marche à notre place, s’allonge à notre place,
et fait briller notre corps un et lumineux, celui qui glisse
sur la terre comme un disque noir portant le monde sur ses épaules,
et dont les pieds épousent l’empreinte des nôtres.
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Raisins bleus / Tess Gallagher


En train de manger des raisins bleus

près de la fenêtre

et de contempler

la vallée recouverte par la neige.

L'espace d'un instant, le monde profond

qui renvoie le regard. Puis un geai bleu

fait s'ébrouer la neige d'une branche.

Il n'y a ni monde, ni rencontre. Seulement

des frissons, et cette sensation sucrée

sur la langue.
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John Ashbery

COEUR SANS-ABRI

Quand je pense à finir le travail, quand je pense au travail fini, une grande tristesse m'envahit, une tristesse paradoxalement comme la joie. Les circonstances de faire ranger, l'être en prend possession, comme un locataire dans une maison louée. Où es-tu maintenant, cœur de sans-abri ? Pris dans une charnière, ou caché derrière des cloisons sèches, comme vos prédécesseurs anonymes maintenant qu'ils ont reçu des noms ? Mieux vaut ne pas s'attarder sur notre situation, mais s'y attarder est profondément rafraîchissant. Comme un buffet couvert de carafes et de fruits. Comme un cerf-volant boîte est à un cerf-volant. L'intérieur de trébucher. La façon de respirer. La caricature au tableau.
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John Ashbery

POSTLUDE ET PREQUEL

Est-ce que je te mentirais? Je ne sais pas quoi vous dire,
et la saison entre tout à l'heure
avec des mots tant attendus de l'époque où nous étions
amis et le sommes toujours, bien sûr, mais les marées
poursuivent leur cours chaque jour. Des éléments perturbateurs
écoutent dans les ailes, qui se défont au niveau des coutures.
Est-ce que tout est doggerel et folderol? Un savoir fissuré ?
Du journalisme de singe ?

C'est mieux que l'autre bien négligé
qui s'est tari il y a quelque temps et qui chuchote.
Les résultats, s'il y en a, ne dureront plus trop longtemps
et je suis en train de vous corriger
sur les billets et leur disponibilité.
Nous tanchons et nous raidissons, coudés par le trafic mystérieusement
descendant l'autre voie de l'avenue alors
que les lampes éclataient dans Central Park aux nombreux bancs.
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Robert Creeley

Cuisses, arbres -

tu voudrais

une place où tenir,

y tenir.



Corps, un trou

vacant, les vents

y passent - la

résonnance, de l'expérience,



les mots sont une vi-

bration, tête, coffre,

tronc, d'arbre, a des

branches, poussent des feuilles.
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Malcolm Lowry

.comme approchait la fin du jour,

la pauvre fin d'un jour sans vie

il tenta de compter les choses

qui lui tenaient vraiment au coeur.

il n'avait rien d'un Rupert Brooke,

et rien d'un amoureux célèbre ;

rien dans sa mémoire n'était sans mélange,

jamais son âme n'avait été sans crainte,

et en ce moment même il l'eût dix fois vendue

pour une canette de bière.

il semblait ne jamais avoir connu l'amour,

et avoir estimé l'angoisse plus que tout.

il aimait bien les morts. L'herbe n'était pas verte,

à ses yeux : et elle n'était pas même l'herbe,

ni le soleil n'était le soleil, ni la rose

la rose, la fumée fumée, ni corps le corps.
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