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Critique de LeScribouillard


Surprenant d'un bout à l'autre. de la SF de grand maître, dure d'accès parfois bien sûr. le tout est de s'accrocher lors du premier tome, "Fondation". C'est là que les neurones doivent commencer à se mettre en branle. Hari Seldon invente une science qui lui permet de déduire l'avenir sur une échelle galactique de plusieurs millénaires, et le moins qu'on puisse dire, c'est que tout n'est pas reluisant. Mais à partir de là, on ne va pas foncer dans le tas de tous les ennemis possibles, on est dans du subtil ! Si vous avez adoré les SES, si vous êtes passionnés par la sociologie et les déductions logiques (il ne faut pas oublier que Asimov a aussi fait dans le polar), c'est LE space opera qu'il vous faut. Alors oui, ça vous semblera décousu : c'est le format fix-up, qu'est-ce que vous voulez ? Il n'empêche, cinq nouvelles assemblées ensemble pour faire un roman qui sont cinq très bonnes nouvelles, ça forme au final un très bon roman. Attention toutefois à les lire dans l'ordre car chacune d'entre elle part des découvertes faites à partir de la précédente.
Les intrigues politiques s'enchaînent donc, avec complexité mais fluidité, jusqu'à ce que le lecteur comprenne qui est le véritable psychohistorien : ce n'est pas Seldon, c'est Asimov ! Déjà dans les années 50 il prédisait le rôle du nucléaire dans nos sociétés (poussé ici à l'excès, il faut l'avouer), mais aussi celui de la religion dans le commerce mondial, la société de consommation et son risque de s'effondrer un jour...
Le seul problème qu'on peut trouver à tout cela est forcément ce qu'on peut reprocher à presque toute la SF intello : beaucoup de théorèmes pour très peu d'action et des personnages sans plus (ce n'est pas pour dire, mais voir quinze fois le même archétype de l'intellectuel froid et sardonique avec simplement une différence de rôle et de nom, je comprends que ça puisse déranger les néophytes). Bien heureusement, tout ça vient s'améliorer dans les deux tomes suivants : avec "Fondation et Empire" et "Seconde Fondation", le cycle nous offre enfin ce qu'il lui manquait, un panel de protagonistes en tous genres avec des caractères différents, du suspense en masse et un univers plus instable que jamais sans cesser d'être réaliste. On pourra reprocher néanmoins quelques avalanches occasionnelles de retournements de situation et de vraies-faux twists qui embrouillent le lecteur et ne peuvent pas fonctionner à tous les coups. Bon, la Seconde Fondation... J'avais deviné où elle se trouvait, même si je me pensais qu'Ebling Mis allait leur donner des coordonnées ce qui aurait du coup été impossible. Pour ce qui est de la nature du Premier Orateur, je n'ai à en prendre qu'à moi et à ma manie de lire la dernière phrase des pavés, mais je peux vous garantir que malgré tout, le plaisir de voir où l'auteur mène sa barque reste (presque) intact.
Et voir comme tout ça reste cohérent a de quoi impressionner ! Surtout pour neuf textes en tout dont l'écriture s'étalait sur plusieurs années et que si j'ai bien compris Isaac Asimov n'avait au départ pas spécialement envie d'écrire. Un seul défaut que j'ai vraiment relevé, c'est que le but de la Fondation est de rétablir le Second Empire, alors que les élections qu'elle organise sont démocratiques... Seldon ne croyait pas à la république à long terme ?
Sinon, bah un bon rythme qui n'est gâché que par quelques explications en trop, un style minimal mais pas pour autant absent (on sent des sacrés passages où l'ironie atteint des sommets - ça mériterait presque d'être étudié !), le tout pour un background peu manichéen, un côté presque noir mais terriblement crédible et des histoires qui font aussi bien dans le mindfuck que dans l'aventure, écoutez, qu'est-ce que je pouvais espérer d'autre d'un bouquin de 800 pages ? C'est une excellente initiative de la part de Folio SF d'avoir fait cette intégrale en 2 tomes, surtout avec ces couvertures de toute beauté... Quel dommage que vu ma PàL je vais devoir attendre 2020 pour pouvoir me procurer la suite !
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