Je me sentais en sécurité où j’étais, dans mon placard petit et propre, à l’abri des regards et des jugements extérieurs. Cela faisait si longtemps que je faisais semblant de ne pas être différent que j’appréhendais d’être celui que j’étais vraiment. J’avais l’impression d’être obligé de me transformer en quelqu’un d’autre, un Emory qui ne se souciait pas d’avoir tort et d’être une déception pour les autres, et je n’arrivais pas à imaginer devenir cette personne. Il y avait tellement de choses à craindre, et j’avais peur de chacune d’elles.
Nous pouvions être si interminablement ennuyeux et si incroyablement épanouis.
Qui était-il pour entrer dans ma vie et tellement la chambouler que les lois de la gravité ne pouvaient plus s’appliquer ?
nous prenions tellement soin de laver tout seuls notre linge sale qu’on n’avait pas du tout l’habitude de l’aérer devant quelqu’un d’autre.
Cela se lisait-il sur mon visage ? Mon menton était-il trop pointu pour me garantir un minimum de bonheur ? Y avait-il quelque chose de profondément enraciné en moi, d’inhérent à mon être qui ferait à tout jamais de moi celui qu’on abandonne devant l’autel, le second choix ?
Malheureusement, la pile de cadeaux de mariage n’avait pas miraculeusement disparu. C’est tellement typique de la part des assiettes en porcelaine que l’on a demandées sur la liste de mariage de ne pas s’enfuir avec les couverts assortis quand on aimerait qu’elles le fassent.
Nous, les âmes piétinées, ne sommes pas capables de grand-chose de plus que de nous recroqueviller en position fœtale et de pleurnicher de temps en temps, nous ne constituons donc pas une priorité sur l’échelle d’évaluation des risques.