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Critique de cmpf


cmpf
15 novembre 2017

En 1985 Margaret Atwood a écrit une dystopie sensée se passer dans un avenir désormais proche, aussi angoissante que réaliste.
Dans une Amérique où la pollution a rendu stériles la plupart des humains, des extrémistes religieux ont instauré une république totalitaire dont les femmes sont les premières victimes. Séparées en cinq groupes reconnaissables à la couleur de leurs vêtements, les Épouses mariées aux Commandants et régnant sur le foyer, les Marthas domestiques, les Servantes qui ont déjà dans le monde d'avant prouvé leur fertilité et sont prêtées aux Commandants pour mettre au monde l'enfant qui sera élevé par l'épouse, les éconofemmes épouses des hommes du commun, enfin les Tantes sortes de gardes-chiourmes. J'allais oublier les Antifemmes déportées dans les Colonies où elles sont vouées à des travaux qui les détruisent peu à peu.
Nous découvrons cet horrible monde à travers le monologue de Devred, une Servante qui alterne description de son quotidien et souvenir “d'avant”.
La description parle d'esclaves sexuelles à propos des Servantes, je trouve que cela est une erreur ( volontaire parce que le sexe fait vendre ?). Elle ne sont pas là pour divertir les hommes, ce n'est absolument pas une illustration du kamasutra. Les relations sexuelles, mensuelles, sont ritualisées et les Servantes sont de façon évidente une substitution de l'épouse. Bien évidemment de par la loi, seules les femmes sont stériles. La référence à un réseau clandestin que Devred rejoindrait induit également en erreur sur ce que l'on s'attend à lire.
Avant d'être des Servantes, les femmes sont rééduquées. Et Devred elle-même est reconnaissante que les femmes soient désormais protégées, on ne peut plus les toucher, les siffler encore moins les violer. D'ailleurs leur tenue rouge est aussi peu sexy que possible, robe longue et ample avec un voile et une coiffe ornée d'ailes qui enserre le visage comme dans un tunnel. Façon d'éviter les contacts, même verbaux. Elles sont d'ailleurs anonymes, leur nom d'origine est oublié, celui par lequel elles sont désignées est créé à partir de celui du commandant auquel elles sont prêtées, et elle en changent à leur nouvelle affectation.

Un des aspects inquiétant de ce monde c'est que la narratrice semble ignorer beaucoup de choses, elle sait pour l'avoir vécu qu'un jour les comptes bancaires des femmes ont été gelés et qu'elles ont toutes perdu leur travail mais elle ne semble pas savoir qui exactement a fait cela. Elle ignore ce que font les hommes, ce qui se passe en dehors de la République…

Une chose m'a interpellée, si l'on évoque un moment les juifs sommés de se convertir ou de déguerpir, il n'est jamais fait référence à un ou une noire, ou individu d'origine sud américaine.

Je découvre Margaret Atwood avec ce livre, et j'en lirai d'autres. Je ne sais pas si le dernier homme ou La femme comestible me feront autant d'effet mais cette dystopie me paraît tout à fait crédible et donne à réfléchir. J'ai lu récemment le dernier hyver de Fabrice Papillon, qui imagine une tout autre évolution possible à la reproduction humaine, mais cette version me semble plus vraisemblable. J'ai entendu quelqu'un dire à propos de la campagne contre les gestes sexistes et viols que cela allait se retourner contre les femmes. Oui peut être. Entre la fertilité qui est réellement affaiblie et les discours d'un type comme Trump, c'est plausible.


Je crois que c'est la première fois que j'écris cette injonction : À lire absolument.

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