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Michèle Albaret-Maatsch (Traducteur)
EAN : 9782221097434
532 pages
Robert Laffont (23/10/2008)
3.33/5   132 notes
Résumé :
Marian se cherche, irrésolue. Depuis qu'elle est fiancée, chez elle tout se détraque. Si elle s'en sort à peu près avec Peter son supposé futur mari, ainsi qu'avec son travail d'opératrice en marketing, le fait de ne plus pouvoir s'alimenter lui pose un problème d'une tout autre ampleur. Moins elle peut avaler, plus elle se sent elle-même dévorée : comme si, de membre ordinaire de notre société de consommation, elle se retrouvait dans la peau d'un de ses produits...... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Ce qui est embêtant lorsqu'on lit des auteurs renommés, c'est que lorsqu'on n'aime pas, ça devient plus délicat de le dire. Certains livres ou certains auteurs sont érigés en monuments de la littérature et il est alors bien mal venu de les critiquer…

Oui mais voilà… je ne vais pas faire semblant! Alors que celui ou celle qui n'a jamais détesté un classique me jette la première pierre!

Je sais que Margaret Atwood est l'une des écrivaines canadiennes les plus célèbres de sa génération. Je suis bien consciente que certains de ses livres sont vus comme des incontournables de la littérature féministe. Malgré tout cela, je ne peux pas dire que j'ai apprécié ce livre, qui se trouve à être son premier roman. On me l'avait décrit comme portant tous les germes de sa future critique sociale qui est portée dans ses oeuvres majeures (telle que la Servante écarlate). Eh bien, je n'y ai pas aperçu toute cette profondeur.

J'y ai certes vu une femme qui refuse de se marier avec un homme toxique et contrôlant… J'y ai vu sa coloc, qui tente de faire sa vie sans homme et puis qui change d'idée… Mais j'y ai surtout vu une femme profondément malheureuse, qui est incapable d'exprimer son mal être autrement qu'en s'empêchant de manger… Je ne sais pas ce que ça a de féministe comme message? Peut-être suis-je trop premier degré dans mon analyse, peut-être suis-je incapable de dépasser le plan littéral… Oui peut-être! Et alors? Je ne suis pas certaine d'aimer devoir analyser et réanalyser le symbolisme d'un roman, pour être en mesure de simplement l'apprécier…

Je vous entends me dire : «OUI, mais pour l'époque! Tout de même quelle audace!» Je sais que ce livre date de plusieurs décennies et qu'il faut le remettre dans son contexte, mais malgré cela je n'ai pas réussi à réellement l'apprécier. Autre gros point faible à mes yeux, aucun des personnages ne me semblait sympathique ou intéressant… Marian me semble incapable de prendre ses propres décisions, Ainsley me semble hypocrite dans sa façon d'exploiter son entourage, Peter est un obsédé du contrôle et Duncan est un grand adolescent qui refuse de vivre dans la réalité.

Bref, je ne peux pas m'attacher à un livre quand je ne m'attache pas aux personnages.
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Alors je me suis jeté sur ce roman après avoir découvert la plume de Margaret Atwood grâce à La servante écarlate que j'ai adoré.Et quand j'aime un auteur, je peux devenir totalement fanatique au point de vouloir tout lire de cet auteur (même si je fais des pauses entre les romans afin de ne pas me lasser et, aussi, pour qu'il puisse toujours m'en rester un à lire).

C'est la raison pour laquelle j'ai lu ce premier roman de l'auteur alors que d'autres ( dont Captive, le tueur aveugle et La voleuse d'hommes) attendent d'ores et déjà dans ma PAL

Que dire de ce roman, écrit dans les années 60? Certes, sur bien des aspects, il est très différent de la Servante écarlate mais on y retrouve quand même le thème du féminisme.
Marian est une jeune femme d'une vingtaine d'années qui travaille dans un institut de sondages, qui a une colocataire un peu farfelue, des amies beaucoup plus conventionnelles et un petit ami bien comme il faut à défaut d'être bouleversant. Et Marian commence, sans le savoir, à se sentir étouffée dans cette vie toute tracée qui l'attend, au point qu'elle arrive progressivement à ne plus savoir quoi manger pour ne pas être malade tout en se sentant, métaphoriquement parlant, mangée, grignotée, bouffée elle-même.

J'ai été assez surprise - même si je le savais - du conformisme nord-américain de cette époque (l'histoire se déroule au Canada) et des difficultés à en sortir. Ce roman m'a fait penser à bien des égards au slogan d'une série télévisée, qui disait en substance "l'époque où les hommes étaient des hommes et où les femmes portaient des jupes".

Margaret Atwood avait déjà une sacrée avance sur son temps.

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Marian est une trentenaire encore célibataire dans les années 70. Elle travaille pour une société de sondages et vit en collocation avec Ashley, jeune femme libérée bien décidée à avoir un enfant toute seule. Entre son métier peu épanouissant et sa relation amoureuse dans une impasse avec Peter, elle vit calmement, sans trop s'interroger sur ses désirs. Quand Peter la demande finalement en mariage, durant la longue période de ces fiançailles plus raisonnables que passionnées, Marian se sent peu à peu dépossédée de ses décisions. Sa rencontre avec Duncan, jeune homme instable, achève de perturber le fragile équilibre de son existence. « le refus que son corps opposait à certains aliments l'irritait de plus en plus. » (p. 330) Prise au piège, étouffée par une angoisse croissante, Marian se dissocie d'elle-même, au point que le récit qu'elle portait à la première personne passe à la troisième personne. Peut-elle reprendre le contrôle de son corps et du cours de sa vie ? « Elle eut peur de se dissoudre, de se défaire, couche par couche, tel un bout de carton au milieu d'une flaque dans un caniveau. » (p. 406)
Avec son premier roman, Margaret Atwood ouvre une réflexion sur des thèmes qu'elle ne cessera de creuser dans son oeuvre. Il est ici question de la passivité que les hommes attendent des femmes. Imaginez donc, faire des études, à quoi cela pourrait-il leur servir ? « Voilà ce qu'on récolte […] quand on donne une éducation aux femmes. Elles élaborent des tas d'idées absurdes. » (p. 291 ) La femme est aliénée par la maternité, le mariage et la société de consommation : on ne lui demande pas de réfléchir, mais d'absorber. le corps de Marian se ferme à ces injonctions, au point de refuser la nourriture. Elle ne sera plus une bête que l'on gave et que l'on tient docile, dût-elle en mourir. « Production-consommation. Tu commences à te demander si la question n'est pas simplement de transformer un type de cochonnerie en un autre. S'il y avait bien une chose à ne pas commercialiser, c'était la pensée, mais ils arrivent à des résultats vraiment impressionnants. » (p. 264) L'autrice oppose deux types de maternité, celle qui est subie et encombrante et celle qui est décidée et méthodiquement planifiée, dans une reprise en main de l'appareil reproductif. le roman est richement nourri de références littéraires, sociologiques, philosophiques et psychanalytiques. Il rejoint sans hésitation mon étagère de lectures féministes.
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Le roman suit une jeune célibataire, pendant environ une année. Elle habite en colocation avec une autre jeune femme, elle a un petit copain et elle travaille dans une boîte de sondages. Sa voie est toute tracée : éventuellement, elle se mariera, elle aura des enfants et deviendra une reine du foyer. Cette perspective (confortable) lui convient (en apparence). Pourtant, dans son for intérieur, ça coince.

La femme comestible est le premier roman d'Atwood et déjà ses thèmes de prédilection sont affichés, en premier lieu la place de la femme dans la société. L'autrice a réussi à m'accrocher dès les premières pages. Un ton rafraichissant et très drôle. Une dénonciation par l'absurde. Des personnages archétypaux, mais pleins de travers et attachants. J'ai adoré Marian et j'ai une affection particulière pour Duncan, le thésard paumé fou du repassage, un double en miroir de Marian. Un roman toujours d'actualité, avec les questions qu'il soulève sur le travail, la société de consommation, la vie de couple, la maternité, et de façon plus générale la conformité (ou non) aux attentes sociétales. du bonbon !
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J'ai lu La Femme comestible après une recommandation qu'en a fait une amie. Je ne connaissait pas du tout l'oeuvre de Margaret Atwood, dont c'est le tout premier roman, écrit quand elle avait la vingtaine, avant l'essor du féminisme.
Par les tribulations, les questionnements et le mal être de Mariam, c'est d'aliénation qu'il est question, même si le mot n'est jamais prononcé, s'il est laissé au lecteur de tirer ses propres conclusions. L'aliénation de la femme par la société, qui n'attend d'elle qu'un mariage et des marmots, celle de la société de consommation naissante et du travail peu valorisant dans lequel Mariam est coincée sans pouvoir espérer mieux...
Et si le style est plein d'humour, d'ironie et de justesse, c'est peut-être ce point qui m'a gêné dans la lecture, car si Mariam ne sait pas d'où vient son problème, quel est le poids qui la ronge, je l'avais assez vite identifié et du coup une partie de son chemin m'a paru parfois trop lent, ou elle trop passive. C'est un peu comme avoir une amie prise dans une relation qui ne lui va pas vraiment : on a beau le savoir on ne peut pas rendre les décisions à sa place, on ne peut que l'encourager et la pousser dans la bonne direction pour qu'elle fasse sa prise de conscience à son rythme, que la séparation mûrisse jusqu'à ce qu'elle soit prête à y faire face... Mais ça n'en reste pas moins frustrant et on peut s'irriter de son inertie et de son incapacité à couper le cordon.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il fallait également penser à la dame d’en bas. Même si elle n’était pas vissée derrière la fenêtre en embuscade derrière un des rideaux de velours à l’arrivée de Léonard, elle ne manquerait sûrement pas de remarquer qu’une paire de pieds masculins avait emprunté l’escalier ; et dans son esprit, ce despotique empire où les convenances avaient la rigidité et la lourdeur des lois de la pesanteur, ce qui montait devait redescendre, de préférence avant vingt-trois heures trente . Ce n’était qu’un détail, mais mieux valait en tenir compte, même si elle ne l’avait jamais formulé. Marian espérait qu’Ainsley aurait le bon sens de le pousser à l’acte et de le mettre dehors à minuit au plus tard ou, au pire, de le garder toute la nuit dans l’appartement, sans qu’il fasse de bruit. En ce cas, que feraient-elles de lui le lendemain matin ? Elle n’en savait trop rien. Sans doute faudrait-il l’évacuer clandestinement dans le sac de linge sale. Même s’il était parfaitement en état de marcher. Oh, flûte ! Il leur serait toujours possible de se dénicher un autre logement. Mais Marian détestait les scènes.
Elle sortit du métro à la station voisine de la laverie automatique. Tout près dans la rue, il y avait deux cinémas, l’un en face de l’autre. Elle s’approcha. L’un proposait un film étranger sous-titré, avec, à l’extérieur, des critiques extatiques et floues, reproduites en noir et blanc, et un large usage de termes « Adulte » et « mature ». L’autre présentait un western américain à petit budget et des affiches en technicolor exhibant des hommes à cheval et des indiens à l’article de la mort. Compte tenu de l’état dans lequel elle se trouvait, elle ne se sentait pas prête à subir les affres de grands moments d’émotions, de pauses et d’interminables gros plans artistiques sur des pores dilatés en contraction expressive. Ce qu’elle recherchait, c’était juste de la chaleur, un abri et une forme d’oubli, elle choisit donc le western. Lorsqu’elle gagna son fauteuil en attendant dans la salle à moitié vide, la projection avait déjà commencé.
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Au cours des deux derniers mois, elle s'était offert des déjeuners de plus en plus chers, se traînant à la manière d'un leurre garni d'un train de plumes, de perles de verre, de trois cuillères tournantes et de dix-sept hameçons dans des lieux à fort potentiel, bons restaurants et bars chics avec philodendrons en pots en guise de banc d'herbes où elle pouvait espérer que se cachaient des spécimens d'homme idéal, maritalement parlant, bien entendu. Hélas ! ces spécimens d'homme idéal ne mordaient pas ou s'en étaient allés vers d'autres types d'appâts - petit poisson en plastique brun, ou simple cuillère en laiton terni, ou encore leurre doté d'un nombre de plumes et de hameçons supérieur à ce que Lucy pouvait déployer.
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Elle n'appréciait pas cette musique, car elle connaissait sa fonction : elle visait à vous mettre dans un état de transe euphorique, à affaiblir votre résistance d'acheteuse de sorte que tous les produits vous paraissent désirables. Chaque fois que Marion entrait dans un supermarché et qu'elle entendait d'invisibles haut-parleurs distiller d'harmonieuses mélodies, elle repensait à un article de journal dans lequel elle avait lu que les vaches donnaient plus de lait quand on leur passait de la musique douce. Mais il ne suffisait pas d'avoir conscience de ce stratagème pour être immunisé.
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[A]fter Mrs. Grot had left I was suddenly quite depressed; it bothered me more than it should have. It wasn't only the feeling of being subject to rules I had no interest in and no part in making: you get adjusted to that at school. It was a kind of superstitious panic about the fact that I had actually signed my name, had put my signature to a magic document which seemed to bind me to a future so far ahead I couldn't think about it. Somewhere in front of me a self was waiting, pre-formed, a self who had worked during innumerable years for Seymour Surveys and was now receiving her reward. A pension. I foresaw a bleak room with a plug-in electric heater. Perhaps I would have a hearing aid, like one of my great-aunts who had never married. I would talk to myself; children would throw snowballs at me. I told myself not to be silly, the world would probably blow up between now and then; I reminded myself I could walk out of there the next day and get a different job if I wanted to, but that didn't help. I thought of my signature going into a file and the file going into a cabinet and the cabinet being shut away in a vault somewhere and locked.
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Dans les supermarchés, on vous proposait ça préemballé dans de la cellophane et flanqué d'étiquettes indiquant e nom et le prix du morceau de sorte que c'était juste comme si on achetait un pot de beurre de cacahuètes ou des haricots en conserve et, même quand on allait dans une boucherie, on vous empaquetait cette affaire si bien et si vite qu'elle vous avait l'air nette, règlementaire. Mais à présent voilà qu'elle l'avait, là, sous le nez, sans papier intermédiaire, c'était de la chair et du sang, et elle l'avait engloutie. Elle s'en était gavée.
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Vidéo de Margaret Atwood
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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