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Critique de christinebrignon


Les Testaments
Margaret Atwood
Traduit de l'anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch
Pavillons poche (Robert Laffont), 2019

C'est dans la merveilleuse cave à livres de mon village, toujours renouvelée, que je t'ai trouvé en venant déposer d'autres livres. Quelle belle surprise ! J'ai ainsi appris que Margaret Atwood avait écrit une suite – qui n'en est pas vraiment une – à son chef-d'oeuvre La Servante écarlate, presque quarante années plus tard et deux ans après la série télévisée du même nom.
Les Testaments n'ont rien à voir avec cette série. Ils regroupent les témoignages alternés de trois femmes dont on va découvrir peu à peu qui elles sont. Ces écrits retracent des faits qui se déroulent quinze années après que Defred, la servante héroïne du premier roman, a été probablement sortie des frontières du régime théocratique de Galaad (ou Gilead) grâce à Nick, son amant secret et le père du bébé qu'elle croit sentir dans son ventre. Nick est en effet un agent double : Gardien et Oeil à Galaad, mais aussi en relation avec le réseau de résistance Mayday. La fin ouverte de la Servante écarlate laisse imaginer plusieurs suites possibles.
On retrouve Tante Lydia, l'une des quatre fondatrices d'Ardua Hall qui régente les femmes à Galaad, conjointement au régime politique administré par les Commandants. Tante Lydia, ancienne juge aux Affaires familiales, s'est servie de son expérience mais aussi de son intelligence et de sa ruse pour supplanter ses trois rivales en s'alliant avec le Commandant Judd à qui cette entente a également donné plus de pouvoir. de plus, elle a installé des caméras de surveillance partout et sait tout sur tout le monde, y-compris les secrets les plus lourds. le personnage de Tante Lydia qui apparaissait très noir dans le premier roman va ici se nuancer considérablement. On apprend ainsi comment elle est passée de juge à bourreau et pourquoi elle en arrive à orchestrer la chute du régime qui l'a rendue si puissante, grâce à l'aide de deux jeunes femmes, l'une ayant grandi à Galaad et l'autre au Canada.
Je me rappelle bien la première fois où j'ai lu La Servante écarlate. le style de Margaret Atwood m'a tout d'abord rendu la progression dans ce roman complétement déstabilisante. Je ne savais vraiment plus où j'étais. C'était voulu bien sûr, quelle maîtrise pour distiller le mystère ! Rien de tel ici car l'univers de Galaad nous est déjà familier. Si la plume de Margareth Atwood est toujours aussi magistrale, j'avoue que je n'ai pas apprécié que la traductrice se soit permis de transformer les Marthas en Marthes, ni surtout Gilead en Galaad – évoquant ainsi de manière inappropriée les légendes arthuriennes.
On lit Les Testaments comme un polar, mais quel polar ! J'ai dévoré ses 650 pages en trois jours. Ce livre a obtenu le Man Booker Prize 2019, prestigieuse récompense littéraire britannique. Mais bien au-delà, Margaret Atwood est une auteure engagée et visionnaire, féministe, écologiste… comme en témoigne son oeuvre. En 2017, elle a été pressentie pour le prix Nobel de littérature, finalement attribué à Kazuo Ishiguro. Pour ma part, j'ai bien l'intention de tout lire d'elle, comme je le fais en ce moment pour Ursula K. le Guin. En effet, après avoir passé une grande partie de ma vie à lire en majorité des auteurs masculins – parce qu'ils étaient systématiquement mis en avant – j'ai un certain retard à rattraper du côté des femmes, qui se sont révélées¸ se révèlent, tout aussi talentueuses.
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