AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jbicrel


Le nom, le visage et la voix de Florence Aubenas sont célèbres en particulier depuis sa longue période de captivité en Irak en 2005 . Cela ne l'a pas empêchée d'endosser le rôle d'une femme en quête d'emploi dans la région de Caen de février à juillet 2009.

Voilà donc Florence Aubenas en femme proche de la cinquantaine, bachelière mais n'ayant pas travaillé depuis quinze ans qui se présente au Pôle Emploi de Caen alors que l'on ne parle partout que de la "crise" depuis 2008.

Seule issue pour un cas désespéré comme elle, faire des ménages et encore, son cas est si difficile qu'il est confié à une agence d'interim. Elle apprend à rédiger un CV et à trouver quelles passions peuvent y être inscrites pour intéresser un employeur de femmes de ménage !

Entre espoir ténu de trouver quelques heures ici, quelques autres heures plus loin et peur continue de perdre ces emplois qui pourtant n'en sont pas, c'est la précarité au quotidien que nous fait découvrir ce livre : Partir à l'aube, s'aventurer dans des Zac déshumanisées, prendre sur soi pour ne pas sentir la douleur dans les muscles et les articulations, pour rester insensible à l'humiliation permanente, à l'angoisse du lendemain puis rentrer fourbue à la nuit, après des heures supplémentaires qui ne seront jamais payées, avec à peine de quoi vivre et croiser sur son chemin beaucoup d'autres précaires qui enchaînent les CDD mais se secouent pour continuer.

Le travail le plus stable qu'elle ait trouvé : le nettoyage des "sanis" sur les ferries de Ouistreham, fonction réservée aux femmes ! La première fois, elle s'est précipitée pour tenter de rattraper Mauricette, la contremaître, qui lui a paru s'écrouler à terre dans « un sani ». Mais pas du tout ! Sa cheftaine lui montrait comment s'y prendre pour aller vite. Car le nettoyage ne doit pas durer plus de trois minutes par cabine ! L'escale du bateau ne dure qu'une heure.

Florence Aubenas a mené cette vie aux côtés de Marilou, Victoria, Marguerite ou Philippe mais elle avait elle quelques atouts : sans compter la certitude d'une autre vie possible, elle a dans le livre l'atout de ne pas avoir mal aux dents comme au moins deux des femmes rencontrées et la possibilité d'utiliser une voiture qu'elle surnomme "le tracteur" : cette voiture, prêtée par l'amie d'une amie, lui permet d'accepter des heures de ménage loin de son deux pièces de Caen.

Ce livre s'inscrit dans une longue lignée de livres d'enquête "dans la peau de..." parmi lesquels Dans la peau d'un Noir, de John Griffin, (1961), Tête de Turc de Gunther Walraff (1986), Dans la peau d'un intouchable, de Marc Boulet (1994)... et nous ouvre les yeux sur le monde dans lequel nous vivons !
Lien : http://www.lirelire.net/arti..
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}