Je lus plus tard dans un article scientifique que certaines cellules fœtales pouvaient traverser le placenta et s'installer durablement dans le corps de la mère, se transformant en "chimères génétiques". La science confirmait ce que certaines mères ressentent (sans doute pas toutes, au contraire de ce que supposait le journaliste) : leurs enfants font toujours partie d'elles-mêmes longtemps après la naissance. Car à la suite de cette invasion cellulaire, les mères continuent à porter le matériel génétique unique propre à leur enfant, créant ainsi ce que les biologistes appellent une "microchimère". C'est un phénomène paraît-il répandu chez les mammifères. Ainsi les traces d'une vie peuvent se transmettre dans le corps maternel à d'autres enfants de grossesse en grossesse, nourrissant chez moi l'espoir que le moindre atome de ta vie puisse se prolonger d'une manière ou d'une autre.
Toute cette imagination pour ne pas accepter la discontinuité...Il y a toujours, peu ou prou, de la folie dans le deuil d'un enfant.
P186-187
Le deuil, c'est inviter les morts à danser.