Envisager des dépenses supplémentaires pour les détenus n'est jamais populaire, mais il s'agit ici d'un investissement, qui d'un simple point de vue économique (économiser l'argent du contribuable) est rentable, si l'on considère le coût élevé que représente une récidive pour la société. À cela s'ajoute l'argument éthique : les détenus méritent le respect, il y va de la dignité des citoyens privés de liberté.
Il ne s'agit pas de privilégier un aspect au détriment de l'autre, mais maintenir ensemble l'interpellation et l'action. Si on peut agir, il serait totalement irresponsable de ne pas apporter une aide à court terme à celui qui en a besoin. Et il serait totalement naïf de croire qu'une action ponctuelle d'aide à court terme pourrait à elle seule apporter une réponse structurelle à un mécanisme d'exclusion toujours à l'oeuvre.
Une des mesures les plus efficaces et des plus symboliques pour marquer la rupture avec les politiques menées jusqu'ici par l'Union, consisterait à ratifier la "Convention internationale des Nations unies sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille". Quelle est la légitimité de l'Union européenne à critiquer le sort réservé aux migrant dans les pays arabes et en particulier dans les pays du Golfe, si l'Union à l'interne ne veut pas ratifier l'une des seules conventions internationales protégeant les droits des migrants !
Il ne s'agit évidemment pas de rêver, une réalisation du droit à la mobilité pour tous devra se faire par étapes. Mais des progrès se font jour, dans les faits et dans les mentalités. Deux millions de Français travaillent à l'étranger. Curieusement, ils ne se considèrent pas comme des migrants ! Dans la meilleure des hypothèses, ils se désignent eux-mêmes du nom d'expatriés. Comme si cela changeait la réalité des choses : un Français travaillant à Singapour ou dans les Émirats est bien un migrant, qui en général dispose d'un salaire élevé et peut dès lors être considéré comme un migrant de luxe...
Dans une société riche comme la nôtre, la pauvreté est d'autant plus rude à vivre, Ne pas pouvoir "vivre comme tout le monde" est en soi un facteur d'exclusion sociale. Les personnes en situation de pauvreté sont, de fait, exclues du mode normal de travail, de consommation, de mobilité et de participation sociale. L'exclusion sociale est aussi difficile à vivre que le manque de moyens matériels.