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Critique de Haleah


« Je n'étais pas jeune, je n'étais pas jolie. Il me fallait trouver d'autres armes. le physique n'était pas tout. Les armes étaient aussi dans l'esprit. “Je suis sûr que tu ne peux pas faire ce genre de livres”, m'avait-il dit. Eh bien, je peux essayer, ai-je répondu. » Ce serait ainsi un défi lancé à Dominique Aury par son amant Jean Paulhan. Sous un nouveau nom d'emprunt, celui de Pauline Réage, l'écrivaine et traductrice fera naître Histoire d'O, l'histoire d'une jeune femme qui acceptera de se soumettre corps et âme par amour.

C'est la curiosité qui m'a poussé à acheter et ouvrir ce livre, et je sais déjà en le refermant que je n'en garderai qu'un vague souvenir, n'ayant pas trouvé ce que j'étais venue chercher. L'ouvrage est découpé en quatre parties et la première est celle qui m'a le plus dérangé. J'étais déconcertée de n'avoir aucun cadre, aucune indication. le roman débute bien trop brutalement à mon goût, et en moins de deux pages, voici déjà l'héroïne à moitié dévêtue par son amant dans une voiture avant d'entrer à Roissy, où aura lieu son asservissement. La jeune femme ne pose aucune question, se laisse totalement faire. Pourquoi ? J'aurai aimé avoir une piste sur la relation déjà existante entre O et son amant René avant que ne débute cette partie cruciale de l'histoire. La jeune femme se retrouve très rapidement (j'insiste sur le très), reléguée au rang d'objet, exposée nue devant une assemblée d'hommes dont elle ne peut distinguer les visages, puis prise à tour de rôle par chacun d'eux. Et voici le second point qui m'a grandement dérangé. Pauline Réage s'applique à nous décrire la scène, assimilant cela à de la prostitution et du sadomasochisme. Mais tout ce que j'ai pu y lire, c'est un viol collectif. Et cela soulève le troisième point qui m'a soufflé durant toute la lecture de ce livre. Où est passée la parole d'O ? On lui apprend certes à se taire, à ne parler que lorsqu'on lui en donne le droit, mais je n'ai pas cessé de me demander quel était son réel avis sur tout ce qui lui arrivait et si sa conscience ne lui aurait pas murmuré ne serait-ce un seul instant de se révolter. J'aurais aimé plus de ressentis de la part d'O, mais tout ce qu'on nous donne, c'est son amour aveugle pour René, puis par la suite son obéissance sans faille envers Sir Stephen.

Histoire d'O, une histoire d'amour écrit par amour ? Tout ce que j'ai pu y voir, c'est le chemin d'une femme dénuée de pensées et de parole qui se voit forcer de se prostituer et d'être présentée en tant que telle, d'être donner à un autre et marquer sur son corps de son empreinte et son emprise. O relève plus de la femme objet que de la féministe qui revendique son droit de mener sa vie et sa sexualité comme bon lui semble. Ce n'est en rien un choix de sa part. Elle manque cruellement d'émotions, et c'est ce que j'ai le plus regretté. Je pense pouvoir comprendre les intentions premières de Dominique Aury, mais malgré son écriture et son style agréable et intéressant, je ne parviens pas à penser qu'elle soit parvenue au résultat final escompté.

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