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Critique de 5Arabella


J'ai découvert Paul Auster il y a déjà un long moment, j'avais beaucoup apprécié certains de ses livres, et puis moins d'autres, plus récents, et je n'ai plus lus les tous derniers. 4321 a donc été l'occasion de me remettre dans l'univers de l'auteur new-yorkais, dans un livre impressionnant par la taille.

Malgré le nombre important de pages, le roman se lit rapidement, il est prenant, très efficace dans sa manière de construire les intrigues et leurs imbrications. Archibald Ferguson, personnage principal, de quatre récits de « vies parallèles », qui auraient pu être si certains petits événements, certaines petites décisions eussent été autres, résume sans doute la jeunesse de Paul Auster, l'univers dans lequel il a grandit, est devenu adulte. Au final, malgré le nombre de pages du livre, il est resté pour moi plus un concept qu'une vraie personne, du fait peut-être de toutes ces variations autour de son existence, de toutes les combinaisons des possibles : même la mort n'est finalement qu'un état passager, puisqu'on retrouve Archie en pleine forme dans le chapitre suivant, vivant une vie légèrement différente. L'intérêt du livre vient à mon sens plus du climat d'une époque, des événements. Paul Auster condense l'essentiel de la vie de son pays, et de la façon dont les gens de son âge ont pu les ressentir.

Sa vision n'a rien d'idyllique, c'est même plutôt noir, et sans grand espoir de changements, en particulier dans les mentalités. Par exemple, même si les Noirs peuvent exprimer leurs revendications, et obtenir quelques avancées dans les lois, la violence, policière ou celle des simples citoyens, est toujours aussi forte, et une montée de haine entre les deux communautés semble se poser comme indépassable. Les contestations qui ont ébranlé la société dans le troisième quart du XXe siècle, n'ont pas pu détrôner les pouvoirs en place, et au final ont plus abouti à des toilettages de surface qu'à un autre modèle de société. Archie, qui est plus un observateur qu'un acteur direct, se met toujours, d'une façon ou d'une autre, en retrait, essayant de trouver, tant bien que mal, une place acceptable pour lui-même, dans un univers violent et profondément inégalitaire.

C'est prenant et très bien fait, même si au final, le décor et les événements décrits par le livre sont relativement connus, par moments pas si loin du cliché (les parties à Paris et à Londres, par exemple), et que la construction d'ensemble est peut-être un peu artificielle, en particulier à la fin, lorsque son personnage explicite le principe qui a présidé à la conception du roman. Mais c'est globalement réussi, l'enchevêtrement des récits marche la plupart du temps très bien, au point où on ne sait plus quel numéro du personnage a fait ou vécu quelque chose, mais que c'est sans importance, parce que le tableau global est le plus essentiel, l'impression d'ensemble. En revanche, la fin des trois « avatars » est un peu trop mécanique à mon sens. Ce ne sera donc pas pour moi le grand roman américain-bilan de cette époque, mais un livre bien fait et agréable à lire, qui me donne envie de redonner sa chance à Paul Auster.
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